Crash en Argentine : les questions qui se posent après l'accident entre les deux hélicoptères
La vidéo du crash des deux hélicoptères livre quelques éléments permettant de comprendre les raisons de ce drame, que l'enquête devra éclairer. Voici ce qu'en pensent des professionnels contactés mardi.
Les premières images de la collision entre deux hélicoptères, lundi 9 mars, en Argentine, dans laquelle ont péri dix personnes dont trois sportifs français mondialement connus, permettent-elles d'en savoir plus sur les raisons du crash ?
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Une chose est sûre, les deux appareils, des Ecureuils fabriqués par Airbus Helicopters, ne possédaient pas d'enregistreur de paramètres de vol, puisque "la règlementation ne l'exige pas pour les hélicoptères légers", selon une porte-parole du constructeur. La vidéo sera ainsi déterminante, parmi d'autres éléments, pour déterminer les causes du crash.
Les enquêteurs vont désormais interroger les témoins directs et indirects, étudier les débris et déterminer si les pilotes étaient en relation radio entre eux. Plusieurs professionnels interrogés par l'AFP livrent leur analyse, en attendant les résultats de l'enquête.
Que voit-on exactement sur la vidéo ?
Les deux hélicoptères volent en formation serrée, l'un devant et plus haut que l'autre. Quelques instants plus tard, celui qui vole derrière poursuit sa montée, se rapproche de l'appareil qui le précède puis le percute par en-dessous. Les deux hélicoptères s'écrasent. Thierry Couderc, délégué général de l'Union française de l'hélicoptère (UFH), note que les deux appareils ont, au début, "un comportement paraissant prudent dans un vol coordonné entre eux. Ils passent derrière un arbre et ils se rapprochent jusqu'à la collision pour des raisons que seule l'enquête pourra déterminer". "Etant donné qu'il n'y a qu'une seule vidéo, il n'est pas certain que l'un vole au-dessus de l'autre. Peut-être étaient-ils l'un à côté de l'autre", estime-t-il.
Quelles sont les règles pendant un vol coordonné ?
Dans l'hypothèse d'un hélicoptère qui vole devant un autre, le pilote est dans l'incapacité de voir l'autre appareil, qu'il soit dessous, ou derrière et encore moins les deux à la fois. "L'appareil, qui est devant, n'est donc pas, par nature, en cause quand bien même il a(urait) ralenti sa vitesse ou changé de trajectoire. Cela n'a pas d'importance", souligne un pilote expert des hélicoptères.
De même qu'un automobiliste doit rester maître de son véhicule en toute circonstance lorsqu'il roule derrière une autre voiture, dans un vol rapproché, c'est toujours au pilote de derrière d'adapter sa vitesse et sa trajectoire à celles de l'appareil volant devant lui. "Dans ce cas précis, celui de derrière n'a pas du tout l'air d'avoir pris en compte celui qui est devant", notent plusieurs spécialistes qui ont analysé la vidéo.
Un des pilotes a-t-il commis une erreur ?
Le pilote de derrière aurait pu avoir un moment d'inattention. Il est possible qu'il n'ait pas regardé devant lui, ce qui est "une faute grave" de la part d'un pilote professionnel. "La seule excuse qu'on pourrait alors lui trouver est qu'il a été dérangé, peut-être par des demandes pour les besoins de production. Mais, dans tous les cas, le pilote reste seul commandant de bord. Il doit être le maître de sa trajectoire, regarder devant et autour de lui en permanence. Ces images donnent quasiment les conclusions du rapport d'enquête", affirme un expert. Un autre souligne que dans le cadre d'un tournage d'émissions de télévision, il a pu y avoir "la tentation d'un vol sensationnel", faisant oublier au pilote le principe de base d'une vigilance à chaque instant.
Peut-on exclure un problème technique ?
Si un hélicoptère avait été victime, par exemple, d'une panne moteur, il aurait voulu se poser en auto-rotation et aurait subi une descente rapide. Or, ce n'est pas ce que les images montrent. "Quand on a une panne grave sur un hélicoptère, on se met en auto-rotation ou en descente. Sur ces images, il n'y a rien qui ressemble ni de près, ni de loin à une amorce d'auto-rotation ou de mise en descente. Donc, a priori, pas de panne", s'accordent à dire les experts, tout en exhortant à attendre les conclusions de l'enquête. "La conjonction de deux événements anodins dans un hélicoptère et dans l'autre ont pu amener à une situation statistiquement improbable", insiste Thierry Couderc, délégué général de l'Union française de l'hélicoptère (UFH).
Des oiseaux ont-ils pu provoquer cet accident ?
On voit plusieurs volatiles s'échapper au moment où un des hélicoptères bascule. selon Thierry Couderc, "une manœuvre d'évitement brusque est une hypothèse parmi toutes les autres".
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