Débarqué du gouvernement, Woerth fait l'objet d'une nouvelle enquête
S'il pensait que son éviction du gouvernement serait l'occasion peut-être de souffler un peu, c'est raté : le nouvel ex-ministre Eric Woerth vient de se faire rattraper par l'une de ces affaires qui ont conduit à sa disgrâce politique. Le procureur général de la Cour de cassation Jean-Louis Nadal réclame une enquête pour "favoritisme et prise illégale d'intérêts".
Dans cette affaire dite de "l'Hippodrome du Putois", Éric Woerth pourrait être mis en cause pour être intervenu en qualité de ministre du Budget pour que l'État vende de gré à gré à des personnes
dont il était proche, pour 2,5 millions d'euros, une parcelle de
57 hectares de la forêt de Compiègne comprenant un golf et l'hippodrome. Or, cette vente avait été refusée par l'État en 2003.
_ Mais Éric Woerth a toujours nié toute malversation en déclarant que les terrains n'étaient pas constructibles. Pourtant, il est acquis que ces 2,5 millions d'euros représentent à peine un cinquième du prix réel du terrain.
Après l'intervention du magistrat ce matin, voilà ce qui doit se passer : la "commission des requêtes" de la Cour de justice de la République doit examiner la recevabilité de sa saisine.
Dès lors, si elle conclut à l'irrecevabilité, c'est la fin de l'affaire. Dans le cas contraire, une instruction sera menée par la CJR, seule juridiction habilitée à traiter les délits commis par des ministres dans l'exercice de leurs fonctions. Cette instruction pourrait aboutir in fine au renvoi d'Éric Woerth dans la Cour pour y être jugé.
Pourtant, l'avocat de l'ancien ministre se veut confiant : "Enquête ne veut pas dire soupçons", affirme Maître Jean-Yves Le Borgne.
C'est à l'origine l'eurodéputée Corinne Lepage qui avait écrit au procureur général Jean-Louis Nadal pour lui demander de se saisir de se dossier. Ce matin, elle se réjouissait d'avoir été entendue.
Éric Woerth déjà cité dans deux enquêtes
Cette affaire de l'hippodrome avait été révélée par Le Canard enchaîné , en marge du dossier Bettencourt au cœur de l’été. Une de plus. Éric Woerth est déjà cité dans au moins deux autres enquêtes, touchant de près ou de loin à l'affaire Bettencourt.
_ Il est soupçonné notamment de "trafic d'influence par une personne investie d'un mandat électif" pour être intervenu dans l'attribution de la Légion d'honneur à Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt. La justice s'intéresse aussi au témoignage de l'ex-comptable Claire Thibout, au sujet de la remise de 150.000 euros en espèce à Éric Woerth pour la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.
"Attaques odieuses et imméritées"
Hier, à l'occasion de la cérémonie de passation de pouvoir au ministère du Travail, Xavier Bertrand, son successeur affirmait : " L'homme qui quitte ce ministère a été injustement attaqué.
Pendant des semaines et des semaines, on a voulu s'en prendre à
son honneur". Roselyne Bachelot, qui le remplace elle aux Solidarités et à la Cohésion sociale a rendu hommage à son "courage inouï" face à des "attaques aussi odieuses et aussi imméritées".
Cécile Quéguiner, avec agences
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.