Disparition de Lina : après une semaine de recherches, où en est l'enquête ?
Les investigations se poursuivent pour retrouver une trace de Lina. L'adolescente de 15 ans, inscrite en lycée professionnel, n'a plus donné signe de vie depuis samedi 23 septembre alors qu'elle était censée prendre un train pour Strasbourg depuis une gare du Bas-Rhin, située à trois kilomètres de son domicile. Après sept jours de recherches autour de cette disparition inquiétante, une enquête criminelle a été ouverte pour "enlèvement ou séquestration", dimanche 1er octobre. Franceinfo fait le point.
Une enquête criminelle ouverte
Une semaine d'enquête pour disparition inquiétante n'a pas permis de retrouver l'adolescente. Huit jours après la disparition de Lina, les procureurs de la République de Saverne et de Strasbourg (Bas-Rhin) ont annoncé l'ouverture d'une information judiciaire des chefs d'"enlèvement ou séquestration de plus de sept jours". Deux juges d'instruction ont été saisis de la procédure pour des "faits criminels".
La procureure de la République de Saverne s'est dessaisie de l'affaire "en raison de la complexité de l'affaire et de la nécessité de recourir à la cosaisine", pour laisser place au parquet de Strasbourg. L'enquête reste confiée "à la section de recherches de Strasbourg cosaisie avec le groupement de gendarmerie du Bas-Rhin".
Les différentes battues n'ont rien donné
Les enquêteurs savent que le matin du 23 septembre, la lycéenne est partie seule et à pied de son domicile de Plaine (Bas-Rhin) vers la gare SNCF de Saint-Blaise-la-Roche. Elle avait prévu d'y prendre un TER pour rejoindre son petit ami à Strasbourg. Des battues de la gendarmerie ont été menées, avec l'appui de bénévoles, le long de la route départementale 350 qui relie les deux localités, sans succès.
"S'il y a eu mauvaise rencontre, difficultés… Que ça se soit passé depuis la route ou plus loin, il faut aller chercher des traces. On a peut-être jeté le téléphone, [laissé] des traces de sang, des traces de lutte, des vêtements, des chaussures…", explique à franceinfo François Daoust, ancien directeur de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie. "Il faut absolument éliminer tout ça de l'équation pour se concentrer sur d'autres hypothèses que la proximité entre la maison et la gare", ajoute-t-il.
Malgré ces efforts, qui ont mobilisé 80 gendarmes pour la seule journée de jeudi, aucun indice probant n'a été retrouvé dans cette zone boisée qui borde le massif des Vosges. Des équipes cynophiles ont été déployées, de même qu'un hélicoptère et des drones, a précisé la gendarmerie. "Aucune trace sur la chaussée évoquant un accident de la route", n'a pu être mise en évidence, selon la procureure Aline Clérot. Différents points d'eau ont par ailleurs été sondés, sans résultat.
Plusieurs véhicules et des logements ont été fouillés
Vendredi, la procureure de la République de Saverne (Bas-Rhin) a annoncé le lancement d'une "opération coordonnée d’envergure". Les forces de l'ordre ont passé au peigne fin "plusieurs points de la zone potentielle de disparition", comme une maison abandonnée, une supérette ou encore la déchetterie de Saint-Blaise-la-Roche, située juste à côté de la gare de la commune.
Selon le quotidien régional Les Dernières Nouvelles d'Alsace (DNA) et Le Parisien, plusieurs véhicules ont également été fouillés vendredi. Ces opérations visaient notamment "des propriétaires de Renault Clio de couleur sombre", selon le journal alsacien. Elles ont été déclenchées sur la base de deux témoignages décrivant le comportement suspect d'un homme au volant d'un véhicule de ce type, aperçu quelques jours avant la disparition de Lina. Pour l'heure, les prélèvements recueillis n'ont fait l'objet d'aucune déclaration. L'arrêt des battues n'a pas non plus été annoncé.
Un signalement a mené vers une fausse piste, vite écartée
Samedi matin, les recherches se sont concentrées "sur le bas-côté de la chaussée situé sur un point de la route départementale 350", a fait savoir la procureure Aline Clérot, dans un communiqué. Sur la base d'un "renseignement", les gendarmes ont ainsi ratissé cette zone et découvert des ossements. Ceux-ci ont finalement été "identifiés formellement par un médecin légiste de l'Institut médico-légal de Strasbourg comme de nature animale".
Le recoupement des témoignages se poursuit
Outre l'hypothèse d'un accident de la circulation, les enquêteurs continuent d'explorer la piste de l'enlèvement. Selon la procureure de la République, Lisa a bien été vue en train de marcher "entre 11h15 et 11h30" le long de la RD 350, comme l'ont déclaré deux témoins, dont l'ancien maire de Plaine, Jean-Marc Chipon. "En passant sur la route, je l'ai croisée. Elle était en train de marcher sur le bord de la route. Où allait-elle ? Je ne savais pas. Je n'en savais pas plus…", a-t-il raconté à BFMTV. Quelques minutes après cette rencontre, alors qu'il effectuait un trajet retour sur cette même route, Jean-Marc Chipon assure que la jeune fille n'y était plus.
Le flou persiste malgré d'autres éléments inquiétants, comme le fait qu'à 11h22 précisément, le matin du 23 septembre, le téléphone de Lina a définitivement arrêté de "borner", c'est-à-dire d'échanger avec les relais téléphoniques locaux. Les raisons d'une telle coupure sont nombreuses (téléphone éteint, défectueux, détruit ou mis en mode avion), ce qui ne permet d'exclure aucune piste, de la fugue à l'enlèvement, en passant par l'accident.
Face à des rumeurs persistantes sur les réseaux sociaux qui incriminent Tao, le petit ami de Lina âgé de 19 ans, la mère de l'adolescente a pris la parole. "Ce n'est plus possible, je ne peux pas laisser faire. Tao souffre, a-t-elle dénoncé au micro de TF1-LCI. Nous avons besoin d'être positifs et de nous battre." "Toutes les méchancetés, on n'en veut pas", a-t-elle répété aux DNA. "J'ai de l'espoir, je ne lâche rien !", a-t-elle insisté.
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