Mort de Steve Maia Caniço : "L'IGPN disculpe la hiérarchie, le rapport dessert la police nationale", juge un membre du syndicat Unité SGP Police FO
Philippe Boussion, secrétaire régional du syndicat Unité SGP Police FO Pays-de-la-Loire, a réagi après la publication du rapport de l'IGPN sur la mort de Steve Maia Caniço.
"C'est tellement grossier dans la volonté de disculper la police que ça va être inacceptable pour beaucoup de gens", a expliqué jeudi 1er août sur franceinfo, Philippe Boussion, secrétaire régional du syndicat Unité SGP Police FO Pays-de-la-Loire. Il réagissait après la publication du rapport de l'IGPN sur la mort de Steve Maia Caniço à Nantes. Le rapport ne fait pas de lien entre l'action de la police et la mort du jeune animateur périscolaire de 24 ans. "C'est juste inaudible de dire qu'il y a aucun lien", a-t-il avancé.
"Le rapport lui-même dessert la police nationale. Je le dis clairement. Et surtout les policiers de terrain", a-t-il regretté. Selon lui, "l'IGPN par grand miracle disculpe tout le monde dans la hiérarchie, charge la mairie, les petits policiers de terrain. Franchement ce n'est pas sérieux".
franceinfo : Le rapport de l'IGPN dit qu'il n'y a pas de lien entre l'action de la police et la noyade de Steve Maïa Caniço lors de la fête de la musique à Nantes. Cela vous semble plausible ?
Philippe Boussion : De toute façon juridiquement on ne pourra jamais prouver que l'action de la police a provoqué ce drame. Je pense que le rapport de l'IGPN est inaudible pour bon nombre de gens et pour une partie des proches de ce jeune, qui sont anti-policiers. Le rapport dessert avant tout dans la forme. Je pense qu'il y aurait pu y avoir un temps entre le moment où on venait de découvrir que c'était bien le corps de Steve Caniço et le moment où il paraît. Pour la famille on aurait pu avoir un temps de recueillement, plutôt que d'être tout de suite dans la polémique. Je ne suis pas sûr qu'il était judicieux de rendre le rapport public ce jour-là. D'ailleurs mes pensées vont à ses [Steve Maia Caniço] proches.
Quel est votre sentiment sur ce rapport de l'IGPN ?
Le rapport lui-même dessert la police nationale. Je le dis clairement. Et surtout les policiers de terrain. C'est grossier dans le sens, où nous-mêmes on avait pris position et on n'a pas été auditionnés. Il y a plein de choses qui paraissent très légères par rapport à ce qui a été rendu comme conclusion. C'est juste inaudible, même pour des gens modérés. C'est juste inaudible de dire qu'il y a aucun lien. Certifier qu'il n'y aucun lien entre l'action de la police et le fait que des jeunes tombent à l'eau. La concomitance des faits où les jeunes tombent à l'eau au moment de l'intervention de la police, interroge. C'est tellement grossier dans la volonté de disculper la police que ça va être inacceptable pour beaucoup de gens. Ce rapport dessert la police et avant tout mes collègues. D'ailleurs l'IGPN par grand miracle disculpe tout le monde dans la hiérarchie, charge la mairie, les petits policiers de terrain. Franchement ce n'est pas sérieux.
D'où vient cette volonté de "disculper tout le monde dans la hiérarchie" selon vous ?
Elle vient peut-être de l'IGPN qui a voulu bien faire. En tout cas, ce n'est pas acceptable quand on lit le rapport. Ça travaille qu'à charge pour mes petits collègues qui ont mis deux coups de matraque. Dans cette affaire si l'IGPN maintient qu'il y a eu deux coups de matraque de trop, on est complètement à côté de la plaque. L'inspection générale de la police nationale devrait s'interroger sur une question : Est-ce qu'il était pertinent oui ou non d'intervenir ? Est-ce qu'il était légitime d'intervenir ? Oui, on veut faire éteindre la musique, force doit rester à la loi. Légitiment et en droit, on avait le droit de faire éteindre la musique. Oui la police était dans son rôle de dire, maintenant ça suffit. La décision qui a été prise était légitime, mais est-ce qu'elle était pertinente ? Non. Elle n'était pas pertinente pour la finalité, parce qu'on était sur des jeunes qui font la fête de la musique. On n'est pas sur des casseurs ni sur des "gilets jaunes". Est-ce qu'il y a eu, 10, 30 grenades, la question n'est pas là. Les collègues étaient pris à partie, ils ont riposté. Est-ce-que l'usage de la force était légitime ? Oui.
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