"Une mort injuste, c'est encore plus marquant" : Nantes, meurtrie, rend hommage à Steve
La mort de Steve le soir de la Fête de la musique a marqué les esprits partout en France. À Nantes, c’est désormais toute une ville qui est marquée par la mémoire de Steve.
Place Royale, au cœur de Nantes, la fontaine crachait un liquide rouge sang, mardi 30 juillet, après que l'autopsie a confirmé que le corps repêché dans la Loire était bien celui de Steve Maia Caniço. Le sang de Steve, selon les militants qui ont versé du colorant dans l’eau. Caroline est l’une d’entre eux. Elle ne connaissait pas le jeune homme, mais elle a été choquée par son histoire, symbolique, selon elle, des violences policières.
"J'ai juste été très touchée par sa disparition, parce qu'un mort, c'est toujours triste, explique Caroline. En plus, une mort injuste c'est encore plus marquant. On franchit des paliers à chaque fois, et on s'est habitués quelque part à ce que des gens soient blessés en manifestation."
Ce n'est juste pas possible de laisser passer le fait qu'un jeune de 24 ans disparaisse à la suite de l'intervention de la police un soir de Fête de la musique.
Caroline
Depuis plusieurs semaines, ces trois mots "Où est Steve ?" ont fleuri sur les murs de la ville, peints au pochoir ou imprimés sur des affichettes. Une autre question est désormais inscrite en rouge, sur un bâtiment désaffecté du quai Wilson, là où Steve a été vu pour la dernière fois. Cette question, c’est "Que fait la police ?"
Benoît faisait la fête ici, le 21 juin dernier. Comme plusieurs dizaines d’autres personnes, il a porté plainte pour "non-assistance à personne en danger et mise en danger de la vie d’autrui". Lui aussi questionne le rôle de la police ce soir-là. "Il y avait plusieurs centaines de personnes devant le soundsystem en train de danser, et en quelques secondes, c'est devenu un nuage impénétrable de gaz lacrymo, se souvient-il. On ne savait pas vers où aller, on ne savait pas d'où venaient les lacrymos, donc les gens partaient vraiment dans toutes les directions. C'était extrêmement violent de par la soudaineté, le fait qu'on soit dans le noir."
C'est un peu comme une manifestation qui partirait en affrontements, mais c'est arrivé sur un public qui n'était pas en train de manifester, qui était en train de danser. Il y a eu des éclats, il y avait les chiens. Il y a eu des violences.
Benoît
C’est finalement à quelques centaines de mètres de là, au pied de la grue jaune, symbole de l’histoire industrielle de Nantes, que le corps du jeune homme a été repêché. "On a une petite pensée pour Steve en tant que Nantais," explique cette mère de famille, accompagnée de son fils, pour accrocher à la rambarde un bouquet de roses blanches.
"Ça nous touche tous," dit cette femme qui n'était pas présente le 21 juin, mais qui y était "il y a deux ans, il y a cinq ans, il y a dix ans. Mon fils y sera peut-être dans dix ans." Mardi soir, lors d’un rassemblement qui a réuni une centaine de personnes dont une partie de la famille de Steve, des bougies ont aussi été allumées à l'endroit où le jeune homme faisait la fête.
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