Fusillade à Poitiers : "Il n'a rien à voir, ni avec des racailles, ni avec des narcotrafiquants", affirme l'avocate de la mère du jeune de 15 ans décédé

Maître Yasmina Djoudi réfute l'idée que la victime faisait partie d'une bande et dénonce des déclarations qui "mettent en cause la probité".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La maire de Poitiers s'entretient vendredi 1er novembre 2024 avec des animateurs de quartier et des citoyens sur les lieux du drame au lendemain d'une fusillade qui a couté la vie à un adolescent. (JEAN-FRANCOIS FORT / HANS LUCAS via AFP)

"Il n'a rien à voir, ni avec des racailles, ni avec des narcotrafiquants. Ce n'est pas un délinquant", affirme à France Bleu Poitou, dimanche 3 novembre, Maître Yasmina Djoudi, l'avocate de la mère de l'adolescent de 15 ans, décédé après avoir reçu une balle dans la tête lors d'une fusillade, jeudi 31 octobre à Poitiers. "Anis était un garçon de quinze ans, très gentil, totalement intégré, si on peut parler d'intégration puisqu'il est de nationalité française. Il faisait du foot, de la natation et il a été pris en pleine adolescence", ajoute-t-elle.

"Il était en train de manger un kebab avec ses copains. Anis a été considéré comme un garçon qui faisait partie d'une bande alors que c'est faux", s'agace l'avocate. "Ça fait énormément de mal à la famille. J'estime que les déclarations doivent être précises, surtout quand ce sont des déclarations d'autorité d'État et on n'a pas à faire de déclarations qui mettent en cause la moralité ou la probité de qui que ce soit, notamment d'une petite victime de quinze ans qui est entre la vie et la mort", pointe l'avocate, sans pour autant citer de noms.

"Ce n'est ni le Mexique, ni Chicago"

"Sa mère vient de perdre son enfant unique. Au lieu de médiatiser et de récupérer tout ça, il faut penser à cette mère qui est extrêmement dévastée", réclame l'avocate. Cette mère qui élève "son fils toute seule", est "accusée quasiment d'être responsable de la mort de son fils, accusée d'avoir laissé traîner son fils seul le soir. Elle travaille et fait tout pour la famille", soutient-elle. La mère d'Anis, ne souhaite pas être médiatisée et espère recevoir du soutien, mais aussi des actions de l'État, explique son avocate : "Elle attend que les pouvoirs publics prennent des mesures, des vraies, et de ne pas forcément montrer du doigt le quartier".

"Les narcoracailles n'ont plus de limites. Ces fusillades, ça ne se passe pas en Amérique du Sud, ça se passe à Rennes, à Poitiers. On est à un point de bascule", s'est exclamé sur BFMTV/RMC le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, vendredi 1er novembre, après la fusillade, évoquant une "mexicanisation" de la France. Pour l'avocate, c'est tout le quartier des Couronneries, où a eu lieu la fusillade, qui souffre. "Les gens sont solidaires, ce n'est ni le Mexique, ni Chicago, ni rien du tout", répond Yasmina Djoudi.

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