Incendie de l'usine Lubrizol à Rouen : "Près de 250 consultations" aux urgences en deux semaines, mais pas "d'hospitalisations de cas graves"
Selon Jean-François Gehanno, professeur à l'hôpital de Rouen, 75% des médecins généralistes de la ville ont reçu des patients se plaignant de symptômes liés à l'incendie.
Les urgences de l'agglomération rouennaise ont enregistré "près de 250 consultations" liées à l'incendie de l'usine Lubrizol en deux semaines, selon Jean-François Gehanno, professeur de médecine du travail à l'hôpital de Rouen et responsable de la consultation de pathologie professionnelle et environnementale. "Mais il n'y a pas eu de passage en réanimation ou d'hospitalisations de cas graves", a-t-il précisé. En revanche, il est selon lui impossible de "trancher pour l'instant" la question des conséquences à long terme sur la santé des habitants de la région.
franceinfo : Y a-t-il encore des gens qui viennent consulter pour des symptômes liés à cet incendie ?
François Gehanno : Manifestement beaucoup moins. Mais mes collègues médecins généralistes continuent occasionnellement à recevoir des patients qui se plaignent, puisqu'il y a toujours par endroits et par moments des odeurs assez désagréables.
A-t-on une idée du nombre total de personnes qui sont venues à l'hôpital ou qui sont passées par leur médecin généraliste ?
Pour l'hôpital, on compte près de 250 consultations sur l'ensemble des urgences de l'agglomération, qu'on peut éventuellement comparer aux 600 passages quotidiens sur les urgences de l'agglomération de Rouen [en temps normal]. Pour les généralistes, on n'a pas d'information. Ce qu'on sait, c'est que 75% des médecins généralistes ont reçu des patients se plaignant de symptômes liés à l'accident. Mais il n'y a pas eu, manifestement, de passage en réanimation ou d'hospitalisations de cas graves liées à cet épisode.
On ne connaît pas encore la liste précise de tous les produits qui ont brûlé il y a deux semaines. Mais pouvez-vous déjà trancher scientifiquement la question de savoir s'il y aura ou non des conséquences à long terme sur la santé des habitants et de la région ?
Je pense qu'on ne peut pas trancher pour l'instant. Les premiers résultats sont rassurants. Néanmoins, la difficulté, c'est qu'il y a eu beaucoup de produits émis et un certain nombre de produits cancérogènes. On a parlé des dioxines, des hydrocarbures aromatiques polycycliques, il y a certains métaux qui vont se déposer sur les sols et éventuellement, à échéance de deux ou trois mois, arriver dans les nappes phréatiques. Et ce qui me semble préoccupant, en tout cas ce qu'on doit continuer à surveiller, c'est la contamination de la chaîne alimentaire.
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