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Lubrizol : des associations demandent "la transparence" sur l'incendie afin de ne pas "se laisser entraîner par les simples allégations des autorités publiques"

Saisi par deux associations, Me François Lafforgue veut pouvoir "dégager les responsabilités" sur l'incendie.

Article rédigé par franceinfo
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Une vue aréienne de l'incendie de de l'usine Lubrizol à Rouen, le 27 septembre 2019. (HO / SDIS)

"On va demander à toutes les autorités publiques concernées de nous adresser les documents qui nous permettront d'être éclairés sur la situation exacte", a déclaré samedi 28 septembre sur franceinfo maître François Lafforgue, avocat au barreau de Paris, spécialisé notamment en droit de l’environnement.

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Maître François Lafforgue a été saisi par deux associations après l'incendie de l'usine Lubrizol à Rouen. L'avocat entend demander la "transparence" sur l'incendie afin de ne pas "se laisser entraîner par les simples allégations des autorités publiques". Avec les associations, Me François Lafforgue veut pouvoir "dégager les responsabilités" sur l'incendie. Il invite également les salariés à faire "jouer leur droit de retrait s'ils estiment qu'il y a un risque à reprendre le travail lundi".

franceinfo : Vous avez été sollicité par des associations. Dans quel but ?

Maître François Lafforgue : Nous réfléchissons, avec les associations que je défends, à des actions qu'on pourrait mener. La première, c'est la transparence. On doit avoir accès à l'information. C'est capital pour les associations de défense de l'environnement et les associations qui s'occupent de la santé au travail. On va demander à toutes les autorités publiques concernées de nous adresser les documents qui nous permettront d'être éclairés sur la situation exacte. C'est une obligation. C'est la transparence et pour ne pas se laisser entraîner par les simples allégations des autorités publiques.

Quel sera le sens de votre démarche ?

À travers cette transparence, on veut surtout protéger l'environnement, protéger la santé des travailleurs, protéger la santé des enfants. C'est la première préoccupation. C'est l'urgence. Cette transparence nous permettra de définir quelles sont les mesures les plus adaptées pour que ces populations vulnérables, les enfants et les travailleurs, puissent être protégées. Il y aura une deuxième étape qui est éventuellement de dégager les responsabilités et de faire toute la lumière sur cette affaire. On se joindra à toute initiative qui sera prise concernant l'enquête engagée pour mise en danger d'autrui.

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C'est compliqué de faire reconnaître la responsabilité d'une entreprise dans ce type d'affaires ?

Pas nécessairement. Le procès AZF a abouti à la condamnation de l'exploitant. On peut obtenir des décisions favorables en matière de pollution industrielle ou d'accident industriel. Il faut surtout qu'aujourd'hui on ne laisse pas passer du temps. Il faut que des analyses soient pratiquées sur la population, qu'il y ait un suivi médical de la population, qu'éventuellement les salariés fassent jouer leur droit de retrait s'ils estiment qu'il y a un risque à reprendre le travail lundi s'il ne sont pas totalement rassurés sur la situation en termes de contamination et de pollution de leur lieu de travail. Il y a des positions qui peuvent être prises par les salariés et les parents d'élèves pour que la protection des personnes vulnérables soit préservée.

Est-ce qu'il faut mener une action en justice pour que ces usines chimiques au cœur des villes soient interdites ?

On disait déjà cela en 2001 après l'accident AZF. Plus aucune usine de ce type ne devrait exister à trois kilomètres du centre-ville d'une grande agglomération comme celle de Rouen. Cette étape d'action pénale, qui visera à dégager les responsabilités, va nous permettre de savoir si toutes les mesures ont été prises. Je lis avec effarement le dossier des installations classées de cet établissement. Il est indiqué sur la fiche Seveso qu'il y aura un incendie tous les 10 000 ans pour cet établissement, qu'un incendie pourrait avoir des effets sur la santé autour du bâtiment. Malheureusement, on n'a pas pris les mesures adaptées manifestement pour que ce drame ne survienne pas.

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