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"On va entendre des choses qu’on n’a pas envie d’entendre" : les familles des victimes de l’incendie du Cuba libre attendent et redoutent le procès

Il y a trois ans, dans la nuit du 5 au 6 août 2016, 14 personnes sont mortes, piégées par les flammes dans le sous-sol de ce bar. Les deux gérants sont jugés à partir de lundi.

Article rédigé par franceinfo - Margaux Stive
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La devanture du Cuba Libre, à Rouen, le 6 août 2019. Trois ans, jour pour jour, après l'incendie. (FLAVIEN GROYER / FRANCE BLEU HAUTE-NORMANDIE / RADIO FRANCE)

Le procès des gérants du Cuba Libre s'ouvre lundi 9 septembre devant le tribunal correctionnel de Rouen, plus de trois ans après l'incendie dans le bar, dans la nuit du 5 au 6 août 2016, au cours duquel 14 personnes étaient mortes. Les deux hommes sont poursuivis pour homicides et blessures involontaires. Ils devront expliquer notamment pourquoi l'issue de secours était verrouillée, comment une simple cave a pu se transformer en boîte de nuit sans aucun contrôle. Les victimes étaient très jeunes pour la plupart, entre 16 et 25 ans.

Mavrik, le fils de Marie, est mort ce soir-là dans le sous-sol du Cuba Libre. Il avait 22 ans. "Nous sommes maintenant des parents orphelins. On n'a pas d'autre enfant. On nous a retiré ce que l'on avait de plus cher au monde, chez nous il n'y a plus de 'papa', on n'entend plus 'maman'... On n'aura jamais de petits-enfants, témoigne Marie. Dans notre salle de bain, il y a toujours son tiroir avec sa brosse à dents, sa brosse à cheveux... Je sais qu'il ne va pas revenir, mais je ne peux pas parler de lui au passé."

Le principal c'est d'être debout et de voir les deux personnes qui nous ont enlevé ce qu'on avait de plus cher au monde.

Marie, mère de Mavrik

à franceinfo

Depuis trois ans, Marie survit. Elle s'est battue pour tenir le coup jusqu'à ce procès, pour ce moment où elle va enfin pouvoir regarder dans les yeux les gérants du bar où est mort son fils : "Cela va être dur parce qu'on va entendre des choses qu'on n'a pas forcément envie d'entendre. Mais le principal c'est que justice soit vraiment rendue."

S'ils sont reconnus coupables d'homicides involontaires, les deux gérants risquent cinq ans de prison ferme. Une peine qui, en aucun cas ne soulagera la douleur des familles, estime Anita, la mère de Donatienne, morte elle aussi au Cuba Libre : "Ce n'est rien par rapport à nous, à ce qu'on vit tous les jours. Cinq ans dans une vie ce n'est rien du tout. Nous, on a perdu notre fille de 22 ans, sa vie est brisée et la nôtre aussi."

"Un jugement qui prend en compte la gravité des fautes"

Cette souffrance des familles devra être prise en compte lors du procès, estime l'avocate Rose-Marie Capitaine, qui représente les parents de trois adolescents morts dans l'incendie : "Ce que je souhaite, c'est que les familles quand elles vont sortir du procès soient certaines d'avoir été entendues, qu'elles puissent se dire qu'il y a eu un jugement qui prend en compte la gravité des fautes mais également l'incommensurable peine qu'elles peuvent ressentir. Pour moi c'est cela l'enjeu : que les victimes ne sortent pas révoltées de cette audience."

D'autant que pour les familles de victimes, le plus dur reste à venir : l'après-procès, "ce moment, confie un père, où cette histoire va tomber dans l'oubli".

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