Collision de Millas : la conductrice doit être jugée "pour ce qu'elle est et pour ce qu'elle a fait", déclare l'une des avocates des victimes

Le procès en appel de la conductrice du car scolaire percuté à Millas en 2017 débute lundi.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Marie Mescam, avocate de 37 partie civiles au procès du drame de Millas. (VALLAURI NICOLAS / MAXPPP)

La conductrice du car scolaire percuté à un passage à niveau à Millas (Pyrénées-Orientales) il y sept ans doit être jugée "pour ce qu'elle est et pour ce qu'elle a fait. C'était un chauffeur professionnel qui a forcé un passage à niveau", assure sur France Bleu Roussillon, lundi 7 octobre, maître Marie Mescam, avocate des parties civiles et qui défend sept familles, dont celle d'une petite fille décédée.

Le second procès du drame de Millas s'ouvre lundi après-midi devant la cour d'appel d'Aix-en-Provence, sept ans après la tragédie. L'accident de car scolaire à un passage à niveau avait coûté la vie à six collégiens et blessé 17 autres. La conductrice du bus, percuté par un train, avait été reconnue coupable en 2022, elle a donc fait appel.

Ils ne souhaitent pas "s'infliger ce deuxième procès"

Pour maître Marie Mescam, avocate des parties civiles, ces trois nouvelles semaines de procès vont être une véritable épreuve pour les familles des victimes. Certaines parties civiles ne seront d'ailleurs pas présentes cette année pour ce nouveau procès. "Il y a deux ans, ça a été très dur pour eux. Très très dur". Ils ne souhaitent pas "s'infliger ce deuxième procès". Pour leur avocate, les familles sont "en colère" aujourd'hui de devoir "revivre" cet épisode. "Eux, étaient là" au premier procès, "par contre, madame Oliveira, elle, n'était pas là", regrette Me Mescam.

Lors du premier procès, le tribunal avait établi que la barrière avait été baissée et que Nadine Oliveira, sans le faire exprès, avait forcé la barrière du passage à niveau de Millas. Les avocats de la défense vont convoquer de nouveaux témoins et réclament toujours la relaxe.

"Il y a deux ans, les familles attendaient de la part de madame Oliveira, la conductrice du bus, d'accepter sa responsabilité et que sa détresse soit la traduction du poids de sa culpabilité", explique l'avocate. Mais "ils ont passé trois semaines extrêmement éprouvantes où madame Oliveira a fait part de sa détresse, mais pas de sa culpabilité, sa détresse, c'était le fait qu'elle était innocente. C'était d'être accusée à tort".

"Qu'on mette de côté la façon dont elle met sa détresse en avant"

Les familles souhaitent "que madame Oliveira soit jugée pour ce qu'elle a fait", assure Me Mescam qui attend de la cour d'appel "qu'on mette de côté la façon dont elle met sa détresse en avant pour juger madame Oliveira pour ce qu'elle est et pour ce qu'elle a fait. C'était un chauffeur professionnel qui a forcé un passage à niveau alors qu'elle était au volant d'un bus scolaire et qui, parce qu'elle ne regarde pas la route, va arriver à un passage à niveau et pousser la barrière jusqu'à se retrouver avec le car au milieu de la voie ferrée, quand le TER arrive."

Nadine Oliveira a 55 ans aujourd'hui. Elle est toujours suivie psychiatriquement et elle se soigne également pour ses problèmes de cœur, depuis son malaise en salle d'audience au premier procès, relate France Bleu Roussillon. Elle souhaite assister à son procès et ses avocats le souhaitent aussi. Mais l'avocate des victimes en doute : "On a déjà un certificat médical au dossier qui a été versé par la défense et on se dit que ça va recommencer, que madame Oliveira ne restera pas jusqu'à la fin du procès".

"On pourra essayer de faire un écran de fumée pour faire douter. Mais nous, les familles, on sait ce qui s'est passé et on sait que madame Oliveira est coupable des faits qui lui sont reprochés. La sanction de madame Oliveira ne sera jamais à la hauteur de la peine ou du handicap qui est vécu, subi par les victimes et leurs familles. Mais au moins que symboliquement ça veuille dire quelque chose", conclut Me Marie Mescam.

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