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Justice : 22 ans après les faits, Adecco est renvoyée devant un tribunal pour "fichage racial"

La première plainte contre la société d'intérim dans cette affaire remonte au début du siècle. Il aura fallu 22 ans de procédure pour qu'une date de procès soit fixée. Mais après tout ce temps, les liens entre victimes et associations se sont distendus.
Article rédigé par franceinfo - Willy Moreau
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Publié Mis à jour
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Une enseigne du groupe Adecco à Nantes en 2017. (LOIC VENANCE / AFP)

Vingt-deux ans. C'est le temps de procédure qu'il aura fallu pour que la société d'intérim Adecco soit renvoyée devant un tribunal. La décision est tombée le 4 juillet, mais n'a été dévoilée que récemment. Le 28 septembre, le tribunal correctionnel de Paris devra donc se prononcer sur les accusations de "fichage racial" qui visent l'agence de Paris-Montparnasse. Entre 1997 et 2001, elle aurait écarté 500 intérimaires noirs de certaines missions dans l'hôtellerie-restauration.

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Les victimes vont donc pouvoir enfin réclamer justice, à condition qu'elles se portent partie civile. Mais ce n'est pas si simple après tout ce temps, explique l'association Maison des Potes, qui a porté l'affaire avec SOS Racisme. Si l'association a bien conservé un fichier avec les numéros de téléphone des victimes potentielles, depuis que la date est fixée, son président, Samuel Thomas, n'a pu joindre que 20 personnes. "Il y a des victimes qui sont décédées. Donc c'est leurs ayant-droits, leur veuve et leurs enfants, qui vont venir demander réparation", et dont l'association n'a pas forcément les coordonnées, raconte-t-il.

Après tout ce temps, la réparation est-elle encore possible ?

Pour les personnes vivantes, ce n'est pas beaucoup plus simple. "Contacter des gens qui ont changé d'adresse, de téléphone, c'est compliqué", dit Samuel Thomas. La première plainte remonte quand même au début du siècle. En 2001, elle dénonce un fichage des intérimaires en fonction de leur couleur de peau. Certaines missions au contact du public n'auraient été réservées qu'aux blancs. 

20 ans plus tard, en février 2021, la cour d'appel de Paris décide finalement du renvoi, mais il aura fallu deux ans de plus pour qu'une date soit fixée. Alors après tout ce temps, la justice pourra-t-elle vraiment faire son travail de réparation ? Samuel Thomas a quelques doutes.

"Si on n'arrive pas à joindre les gens, s'ils ne peuvent pas venir expliquer au tribunal ce que ça fait de subir une discrimination à cause de leur couleur de peau, le tribunal aura du mal à évaluer le préjudice parce qu'il n'entendra pas les victimes."

Samuel Thomas, président de la Maison des Potes

à franceinfo

Samuel Thomas appelle donc les personnes qui souhaitent se porter partie civile à prendre contact avec son association.

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