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"L'État lui doit cette justice" : la mère de Julie, qui accuse 20 pompiers de viol, témoigne sur franceinfo

La Cour de cassation examine mercredi l'histoire de Julie, cette jeune femme qui accuse une vingtaine de pompiers de Paris de l'avoir violée alors qu'elle avait entre  13 et 15 ans. Mais la notion de consentement a fait débat lors des deux précédentes audiences. 

Article rédigé par Gaële Joly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Deux camions de pompiers devant une caserne à Paris (illustration). (NATHANAEL CHARBONNIER / FRANCE-INFO)

"Il n'y a qu'une décision de justice qui pourra rendre à Julie sa dignité", martèle la mère de la jeune femme. Depuis dix ans, Corinne se bat pour rendre justice à sa fille, aujourd'hui âgée de 25 ans. Elle accuse une vingtaine de pompiers de Paris de l'avoir violée entre ses 13 et ses 15 ans

Mais par deux fois, la justice a requalifié les faits en atteinte sexuelle. Seuls trois pompiers ont été renvoyés devant le tribunal correctionnel. Une décision insupportable pour les proches de la jeune femme, qui réclament une requalification en viol. Alors qu'une audience de la Cour de cassation est prévue mercredi 10 février, la mère de Julie raconte son combat.

>> Lyon, Paris, Strasbourg, Versailles... Des centaines de personnes se rassemblent en soutien à "Julie", qui accuse des pompiers de l'avoir violée

Dans son pavillon de banlieue, l'institutrice montre la frise sur laquelle elle retrace tout le dossier judiciaire. De la première crise de spasmophilie de sa fille, où elle rencontre l'un des pompiers, jusqu'à l'enfer des médicaments et des séjours psychiatriques, elle décrit un véritable cauchemar. "Julie a des séquelles puisqu’elle s’est défenestrée du troisième étage, elle est très lourdement handicapée, en fauteuil roulant la plupart du temps", raconte sa maman.

"Elle a des séquelles de stress post traumatique où elle a beaucoup de mal à se concentrer, à réfléchir. Julie a encore beaucoup de flashbacks, elle a du mal à dormir, elle est obligée de prendre des antidépresseurs, poursuit-elle. "On souhaiterait que cette affaire se termine, que justice lui soit rendue, et qu’elle puisse enfin commencer à se reconstruire".

"C’est une enfant de notre République qui a été violée par 20 pompiers de Paris. L’État lui doit cette justice."

Corinne, la mère de Julie

à franceinfo

Pour la nouvelle avocate de Julie, la justice est défaillante dans cette affaire. "On attend que la Cour de cassation montre que la justice n'est pas une justice hors-sol, déclare maître Marjolaine Vignola. On attend qu'elle examine les faits :  il y a une mineure de 13 ans et des jeunes adultes de 22 ans. Il y a un rapport de force, il y a aussi une forme de dette morale qu'elle a envers eux"

"Tous ces éléments, ce sont des éléments de contrainte qui ont vicié le consentement, ajoute l'avocate. Même s'il a été donné, est-ce que ce consentement était valable ? Était-il éclairé, lucide ? Est-il juridiquement valable aujourd'hui ? On nous dit que oui. Nous, on attend que la Cour de cassation dise non"

La famille espère que cette nouvelle décision fera jurisprudence, avant que le droit n'évolue peut-être sur la notion de consentement. La mère de Julie est convaincue qu’elle n'aurait pas eu à mener cette bataille judiciaire si un seuil à 15 ans avait déjà été inscrit dans la loi.

Plusieurs rassemblements ont eu lieu ce week-end end en soutien à la jeune fille.

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