La Cour de cassation rejette la réhabilitation de Jacques Fesch, condamné à mort en 1957

Cette décision historique, annoncée mardi, est définitive et ne pourra pas faire l'objet d'un appel. Elle marque le point final d'une bataille judiciaire portée depuis trente ans par Gérard Fesch, le fils du condamné.
Article rédigé par Clara Lainé
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Jacques Fesch s'apprête à rencontrer le juge d'instruction, le 4 mars 1954 à Paris. (AFP)

Le dernier acte du dossier judiciaire Fesch est scellé. La Cour de cassation a refusé, mardi 15 octobre, le "rétablissement de l'honneur" de Jacques Fesch, guillotiné en 1957 pour le meurtre d'un policier. Cette décision, à portée essentiellement symbolique, est définitive et ne pourra pas faire l'objet d'un appel.

La plus haute juridiction judiciaire avait examiné le 6 juin cette demande inédite portée par le fils de Jacques Fesch, Gérard, aujourd'hui âgé de 69 ans. "Obtenir sa réhabilitation, ce n'est pas effacer ce qu'il a fait, avait-il expliqué pour justifier sa démarche. C'est retenir que tout le monde peut se repentir et se racheter", que "la deuxième chance existe, même si malheureusement lui ne l'a pas eue". Depuis trente ans, Gérard Fesch se bat pour rétablir l'honneur de son père, qui avait fait acte de rédemption au cours de sa détention.

Lors de l'audience, filmée pour les archives historiques, Gérard Fesch avait pris place à côté de sa femme et de sa petite-fille pour écouter son avocat défendre le "droit au pardon" et "une décision symbolique contre la peine de mort". Mais le repentir d'un homme et l'emprunt d'un chemin spirituel suffisent-ils à justifier une réhabilitation, un pardon social ? La Cour de cassation a décidé de répondre par la négative à cette question.

Un rêve qui tourne au cauchemar

Le destin de Jacques Fesch, issu d'une famille aisée, prend une trajectoire tragique le 25 février 1954. Le jeune homme âgé de 23 ans braque un agent de change au cœur du 1er arrondissement de Paris. Avec cet argent, il compte réaliser son rêve : acheter un bateau pour faire le tour du monde. Lors du vol, il frappe violemment l'agent à coups de crosse et attire l'attention de passants qui donnent l'alerte. Dans sa fuite, il sort son revolver, tire et blesse plusieurs personnes. Surtout, il tue un policier, Jean-Baptiste Vergne, 35 ans. Le défunt, veuf depuis peu, laisse derrière lui une fille de 4 ans. Jacques Fesch est arrêté dans la foulée et passe trois années en prison.

Au cours de sa détention, il se plonge dans l'écriture et entretient de nombreuses correspondances, notamment avec un moine. Ses textes, publiés après sa mort, connaîtront un grand succès. Décrit lors de son procès comme "vantard et paresseux", Jacques Fesch, qui avait volé son beau-père et acheté une voiture de sport avec l'argent que lui avait prêté sa mère pour fonder une entreprise, écrit avoir "brutalement" découvert la foi chrétienne à cette période.

Cette conversion au christianisme se heurte au verdict de la cour d'assises : Jacques Fesch est condamné à mort. Il formule une demande de grâce auprès de René Coty, le président de la République de l'époque, qui la lui refuse. "Demandez-lui, je vous prie, d'accepter le sacrifice de sa vie pour la paix de l'Etat", avait répondu le chef de l'Etat à l'avocat du détenu. Jacques Fesch est exécuté à la prison de la Santé le 1er octobre 1957. Si l'homme est guillotiné, son histoire ne s'arrête pas là : il fait l'objet d'un procès en béatification, toujours en cours, et une école porte désormais son nom à Lion-sur-Mer, dans le Calvados.

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