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Le procès d'un couple de Chinois, accusé d'avoir tué, dépecé et dispersé les corps d'un autre couple, s'ouvre à Paris

Poursuivis pour "homicide volontaire", les accusés, Hui Zhang et son compagnon Te Lu, encourent trente ans de réclusion criminelle, dans ce procès qui débute mardi.

Article rédigé par Violaine Jaussent - avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
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L'appartement dans lequel le couple de Chinois accusé d'avoir tué un autre couple vivait, dans le 12e arrondissement de Paris. (MARTIN BUREAU / AFP)

C'était un couple sans histoires depuis leur arrivée en France. Tout a basculé en mai 2012 pour Hui Zhang et son compagnon Te Lu, ressortissants chinois, après le meurtre de deux de leurs compatriotes. Des faits qu'ils ont reconnus, et pour lesquels ils sont jugés à partir du mardi 19 janvier. Ils comparaissent devant la cour d'assises de Paris pour "homicide volontaire".

Francetv info revient sur cette affaire, pour laquelle les accusés encourent trente années de réclusion criminelle.

Une dispute violente, qui tourne mal

Tout commence dans la nuit du 23 au 24 mai 2012. Hui Zhang raconte avoir découvert le corps sans vie de Lucas, 2 mois et demi, asphyxié dans son sommeil. Cette femme de 34 ans était la nourrice de l'enfant depuis une dizaine de jours. Après réflexion, elle décide avec son compagnon de proposer aux parents du bébé, Ying Wang et son mari Liangsi Xue, un arrangement financier s'ils acceptent de renoncer à déclarer la mort de leur enfant. Car Hui Zhang travaille sans être déclarée.

Elle appelle les parents et fixe un rendez-vous à son domicile, situé dans le 12e arrondissement de Paris, le 24 mai dans l'après-midi. Hui Zhang affirme s'être préparée psychologiquement à la colère des parents, voire à leur violence. C'est ce qui se produit : à la vue de leur enfant mort, Ying Wang et Liangsi Xue s'en prennent physiquement à Hui Zhang et Te Lu.

La mère attaque Hui Zhang. Elle cherche à l'étrangler, puis lance un couteau dans sa direction et la touche au niveau de l'œil gauche. Hui Zhang réagit, s'empare d'un outil et frappe Ying Wang, qui s'effondre. Hui Zhang regarde sa main. Elle tient une hachette. Son regard se porte alors sur Te Lu, sous l'emprise et la menace du père du bébé. Hui Zhang lance la hachette dans sa direction et l'atteint à la tête. Il s'écroule à son tour, mort.

Des corps découpés et cachés dans le bois de Vincennes

Hui Zhang recoud les plaies de son compagnon. Elle aussi est toujours blessée et saigne. Elle se lave, se change et se débarrasse du téléphone portable des parents morts dans les eaux du bois de Vincennes, situé non loin de son domicile. Elle sollicite un ami pour soigner ses blessures. Avant qu'il n'arrive, elle déplace les corps sans vie dans la salle de bains et nettoie l'appartement. 

Jusqu'à l'après-midi du 25 mai. Décidée à faire disparaître toute trace des crimes, Hui Zhang s'empare de ciseaux, de couteaux et d'une scie électrique. Elle découpe les deux corps dans la baignoire de sa salle de bains en prenant soin de mettre en route sa machine à laver, pour couvrir le bruit de la scie électrique. Puis, avec l'aide de son ami, elle se débarrasse des morceaux enveloppés dans des sacs-poubelles dans le bois de Vincennes.

Le retour en Chine

Quelques jours après ces événements, les 28 et 30 mai, le couple retourne séparément en Chine, pour, selon eux, régler des affaires personnelles et confier leur fils à leur famille. Pourtant, ils ne prennent qu'un aller simple. Ils ferment leurs comptes et transfèrent leur argent en Chine.

Mais sur place, l'affaire les rattrape : un avis de recherche est diffusé. Ils sont nommément cités comme ayant pu être liés à la disparition d'une famille chinoise. Le couple revient alors en France. La police soupçonne qu'ils ont été contraints de le faire pour échapper à la peine de mort en Chine. Les deux suspects affirment, de leur côté, avoir toujours voulu revenir.

La découverte des restes humains et les aveux

Pendant ce temps, en France, le 7 juin 2012, deux joggeuses découvrent dans le bois de Vincennes une jambe "sans vêtement et coupée à la cheville". Quelques jours plus tard, un chien-guide d'aveugle exhume une partie de torse humain. Le lien entre ces restes humains et Ying Wang et Liangsi Xue n'est pas encore fait. Le frère de Ying Wang ne signale que le 10 juin la disparition de sa sœur, de son beau-frère et de leur bébé.

C'est à ce stade de l'enquête que Hui Zhang et Te Lu avouent les meurtres. Le couple se présente à la brigade criminelle le 16 juin. Sur ses indications, les policiers retrouveront d'autres restes dans un sac-poubelle à Vincennes. Mais pas le corps du petit Lucas, que Hui Zhang affirme avoir enterré ou jeté dans des poubelles du quartier Daumesnil à Paris, avec le reste des dépouilles. 

Pour les experts, "rien ne prédisposait" Te Hu, conseiller en gestion d'entreprise, à "un passage à l'acte criminel". Hui Zhang, dépourvue de pathologie psychiatrique, est dotée "d'une intelligence de haut niveau, d'une grande force de caractère et d'une réelle aptitude à maîtriser ses affects". Selon des témoins, elle exerçait un ascendant sur son compagnon. Après s'être livrés à la police, ils ont été mis en examen puis placés en détention provisoire le 19 juin 2012. Ils s'y trouvent toujours à l'ouverture de leur procès. 

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