Moines de Tibéhirine : la thèse d'une décapitation après la mort privilégiée
Des examens effectués sur les têtes des cisterciens français, enlevés et tués en Algérie en 1996, contredisent certains éléments de la version officielle.
Les résultats des examens des têtes des sept moines de Tibéhirine, tués en 1996 en Algérie, plaident "en faveur d'une décapitation post mortem", selon les conclusions d'une expertise présentée jeudi 2 juillet aux familles des victimes. "En l'absence des corps" qui n'ont jamais été retrouvés, la cause de la mort des cisterciens "ne peut pas être affirmée", expliquent toutefois les trois experts, qui notent aussi "des lésions évocatrices d'égorgement chez trois d'entre eux, égorgement suffisant pour être à l'origine directe de la mort".
L’enlèvement puis la mort des religieux Christian de Chergé, Luc Dochier, Paul Favre Miville, Michel Fleury, Christophe Lebreton, Bruno Lemarchand et Célestin Ringeard a donné lieu à plusieurs versions. La thèse officielle est celle d'une exécution des moines par le GIA, le Groupe islamique armé algérien, qui avait revendiqué le crime le 23 mai 1996 avant que leurs têtes ne soient retrouvées au bord d'une route, le 30 mai.
Des dates qui ne concordent pas avec la version officielle
Mais les examens révèlent une contradiction avec les affirmations du GIA. Dans leur communiqué de revendication, les islamistes avaient affirmé avoir envoyé le 30 avril 1996 "un messager à l'ambassade de France" pour "confirmer que les moines sont toujours vivants" ainsi qu'"une lettre qui précise la façon de négocier".
Or "l'hypothèse d'un décès entre le 25 et le 27 avril 1996, tel qu'il est évoqué dans une pièce de procédure, apparaît vraisemblable", selon les conclusions de l'expertise présentée jeudi par le juge Marc Trévidic, en charge de l'enquête. Cette contradiction ne peut que renforcer les interrogations des familles, qui doutent de la thèse officielle, car ce délai peut accréditer la thèse d'une manipulation pour masquer les véritables causes de la mort.
En revanche, les têtes ne présentent pas de traces de balles, selon ces conclusions, ce qui semble éloigner la thèse, évoquée par un témoin, d'une bavure de l'armée algérienne qui aurait tué par erreur les moines en tirant depuis un hélicoptère sur un bivouac jihadiste.
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