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L'administration pénitentiaire à nouveau épinglée

Deux fois en une semaine, une commission indépendante, dite de déontologie de la sécurité (CNDS) a rendu public un rapport spécial, qui dénonce une nouvelle fois l'administration pénitentiaire - cette fois à Nîmes, où des surveillants ont été plutôt bienveillants alors qu'un détenu se faisait agresser.
Article rédigé par franceinfo
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C'est une décision exceptionnelle - d'habitude, les rapports de la Commission nationale de déontologie de la sécurité restent confidentiels. Mais la situation est suffisamment grave pour que cette commission indépendante décide de publier son rapport sur son site Internet.

Que pointe-t-elle, cette CNDS ? “L'extrême gravité du comportement” de surveillants pénitentiaires à la maison d'arrêt de Nîmes, le 12 juin 2006. Eric Martinez venait d'être condamné à la perpétuité pour meurtre - un procès très médiatisé à l'époque. Il s'est fait agresser dans sa cellule.
_ Quatre ou cinq détenus ont profité de l'ouverture concomitante de plusieurs portes par des surveillants d'étage pour entrer dans sa cellule, neutraliser son co-détenu et le frapper. Violemment.

Le problème, c'est que lors du procès, de condignes particulières de protection avaient été données ; des consignes qui n'ont pas été respectées, et qui, selon la CNDS, “laissent supposer, selon toute vraisemblance, une connivence” entre certains surveillants et les agresseurs.
_ Pire, après l'agression aucune mesure n'a été prise pour “faciliter l'identification des agresseurs”. Le directeur de la maison d'arrêt n'a pas lancé d'enquête administrative ; il n'a pas non plus avisé la justice.

La CNDS a fait parvenir ses recommandations à la garde des Sceaux le 14 avril 2008. Rachida Dati a répondu le 21 juillet. Un seul surveillant a écopé d'une exlusion de cinq jours avec sursis ; le directeur s'est juste vu rappeler que “l'obligation de diligenter une enquête administrative sérieuse” lui incombait...
_ La CNDS conclut abruptement que, “au regard de la modestie des réactions”, “ses recommandations n'ont pas été suivies d'effet”.

C'est donc la deuxième fois en une semaine que la CNDS publie un rapport. Déjà, le 25 novembre, elle s'était émue de “graves lacunes” à la prison pour mineurs de Meyzieu (voir article).
_ Deux pavés dans la mare, à un moment où les conditions de détention n'ont jamais été aussi critiquées...

Guillaume Gaven, avec agences

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