L'hormone de croissance revient en appel devant la justice
Retour à la case départ, ou presque. La cour d'appel de Paris rouvre aujourd'hui le douloureux dossier de l'hormone de croissance. Jusqu'au 24 novembre, à raison de trois journées d'audience par semaine, témoins et experts vont se succéder à la barre... Histoire de comprendre pourquoi des dizaines de jeunes sont morts de la maladie de Creutzfeld-Jacob alors qu'ils étaient traités pour nanisme.
En première instance - en correctionnelle - les six prévenus, médecins et infirmiers, avaient tous été relaxés - le septième était mort pendant la durée du délibéré.
_ C'est le parquet qui a fait appel pour trois prévenus : Fernand Dray, Elisabeth Mugnier et Marc Mollet. Ce dernier, ancien responsable du conditionnement du médicament à la Pharmacie centrale des hôpitaux, est décédé depuis.
Restent donc deux prévenus qui seront aujourd'hui sur le banc des accusés : Fernand Dray, ancien responsable d'un laboratoire de l'Institut Pasteur, et Elisabeth Mugnier, pédiatre à la retraite.
_ Trois autres personnes seront rejugées, mais uniquement sur les intérêts civils. Elle ne risquent pas de sanctions pénales, uniquement d'éventuels dommages et intérêts.
Les charges n'ont pas changé. Fernand Ray et Elisabeth Mugnier sont accusés, entre autres, d'homicide involontaire en raison de “graves fautes d'imprudence et de négligence” dans le traitement de 1.698 enfants trop petits et soignés avec une hormone fabriquée jusqu'en 1988 à partir de l'hypophyse, une glande crânienne prélevée sur les cadavres.
120 VICTIMES
Parce que certaines hormones étaient infectées, des jeunes sont morts de la
maladie de Creutzfeldt-Jakob au terme d'une terrible agonie: 120 sont
décédés aujourd'hui, selon l'association des victimes de l'hormone de croissance
(AVHC). Ils étaient 115 en première instance - l'incubation de la maladie peut
dépasser 30 ans.
Selon l'accusation, l'incurie régnait à tous les niveaux de production du médicament: France Hypophyse privilégiait le rendement, collectant les hypophyses même sur les cadavres à risques; puis l'Institut Pasteur en extrayait l'hormone sans effectuer la stérilisation nécessaire, tandis que la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) s'abstenait de tout contrôle.
Les débats devant le tribunal correctionnel ont dressé un tableau plus nuancé, notamment des connaissances scientifiques de l'époque. Aux yeux des juges, la synthèse des témoignages n'a pas permis d'affirmer que “les pédiatres, biologistes et pharmaciens avaient conscience à partir de 1980 (...) d'exposer les malades traités par ce médicament au risque de contamination par la MCJ”.
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