Le Clos des Roses à Compiègne, quartier sous tension
Un incendie a touché le hangar principal de Compiègne mercredi soir. Incendie criminel, pas de doute. Les pompiers ont compté cinq départs de feu, le toit s'est effondré à cause du brasier, les carcasses calcinées sont toujours là, 34 voitures ont été touchées. "S'attaquer ainsi aux biens communs, c'est particulièrement condamnable, ça fait mal au cœur de voir ça ", se désole Michel Foubert, premier adjoint au maire de Compiègne. Pour lui, c'est une réaction à la politique conduite. Une politique qui dérange le commerce de la drogue. Mais face à ces violences, l'élu l’assure : "Nous ne baisserons pas les bras et nous ne nous laisserons pas intimider, dans aucun quartier. Pas de zone de non-droit à Compiègne ", assène l'adjoint au maire.
"C'est probablement cette vie agréable de quartier qui (les) dérange"
Direction le quartier le Clos des Roses, où ont eu lieu les violences mercredi soir. Plus de 4.000 personnes y vivent, un quartier populaire, essentiellement de l'habitat social. Et un trafic de drogue persistant qui gangrène la vie quotidienne. Ici, les immeubles ont été refaits à neuf et "c'est probablement cette vie agréable de quartier qui dérange ceux qui étaient habitués avant à un quartier entouré de barres, bien à l'abri des regards de tout le monde, alors que maintenant le quartier est complètement ouvert sur la ville ", explique Michel Foubert.
C'est un véritable assaut qui a été mené ici en milieu de semaine. Une cinquantaine de personnes ont attaqué avec des feux d'artifices ou des tirs de mortiers, selon les témoins, les vigiles mis en place par le bailleur au pied des immeubles pour chasser les trafiquants. Un déchaînement de violence au Clos des Roses aux alentours de 23h. A la même heure, le hangar municipal était la proie des flammes. "Ce qui nous trouble c'est la simultanéité de certaines actions et à deux endroits opposés de la ville ", souligne Stéphane Hardouin, le procureur de Compiègne. Une action coordonnée fait partie des hypothèses, "même si le lien n'est pas en l'état établi ", précise-t-il.
Jet de pierre en pleine interview.... "Ce n’est pas notre quotidien "
Les enfants du quartier, témoins de ces violences, s'amusent malgré tout devant l'entrée du centre social. Pourtant, à 50 mètres de là, il y a le point de trafic et les guetteurs qui regardent nos micros d'un mauvais œil. Delphine Hivet, responsable des centres municipaux, coordonne l'action sociale dans les quartiers de Compiègne. Elle explique qu'on parle là "d'un public qu'on ne touche pas, le public des plus grands qui sont privés d'activités et surtout de travail. On multiplie les actions pour leur permettre d'intégrer ... " A ce moment-là, notre interlocutrice s’interrompt. Un jeune au visage masqué lance une pierre dans le centre... Elle reprend : "Tout ça c'est plus que triste mais nous on continue, on a envie de montrer le meilleur de Compiègne, le meilleur de ce que nous faisons, animateurs, éducateurs, pour la jeunesse des quartiers. Ça, ce n’est pas notre quotidien" , assure Delphine Hivet.
Une minorité de délinquants qui tente d'imposer sa loi à tout un quartier et aux autorités qui promettent de faire évoluer le dispositif de sécurité et de poursuivre la répression… Pour l'heure les vigiles ne sont pas revenus au pied des immeubles et le commerce des trafiquants de drogue continue au Clos des Roses.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.