"Le fusil n'était jamais loin de ma tête" : le Français séquestré en Espagne raconte ses sept semaines de calvaire
Ce quinquagénaire a été enlevé et retenu prisonnier pendant 52 jours, entre mai et juillet. Quatre individus ont été arrêtés par la police en septembre. Ils lui ont extorqué 1,3 million d'euros.
"J'ai vécu l'enfer." Le Français qui a été séquestré pendant sept semaines, entre mai et juillet, en Espagne, raconte son calvaire à La Dépêche du Midi, mardi 29 septembre. "C'était surréaliste, inquiétant", confie cet homme de 57 ans qui souhaite rester anonyme.
"Je ne me suis jamais considéré comme riche"
Il critique d'emblée le fait d'avoir été présenté comme un riche homme d'affaires. "Je ne me suis jamais considéré comme riche, encore moins comme un homme d'affaires. Je gère un patrimoine familial, j'ai des locataires, parfois des terrains à vendre…" Ses ravisseurs lui ont pourtant extorqué 1,3 million d'euros.
Les trois hommes qui l'ont séquestré ne l'ont pas violenté, mais le quinquagénaire raconte qu'ils ont été "fermes, durs. Pas une conversation amicale, des ordres." Après l'avoir enlevé lors d'un guet-apens près de Toulouse, ils passent à son domicile pour récupérer ses codes de cartes bancaires, puis se rendent dans trois lieux différents, en Espagne. La victime raconte avoir été ligotée avec un masque sur la tête et s'être parfois retrouvée attachée à un lit.
"Au téléphone, je devais rassurer"
La démarche et les questions des ravisseurs le surprennent. "Ils ont commencé à me parler de lutte contre le terrorisme, de mon implication possible, d'individus assassinés… Ils devaient vérifier." Et de poursuivre : "J'ai compris, plus tard, qu'ils restaient discrets, qu'ils voulaient m'extorquer de l'argent sans attirer l'attention. J'avais face à moi des gens intelligents dont le coup avait été minutieusement préparé."
Pendant ces 52 jours de séquestration, les ravisseurs le contraignent à maintenir son entourage à distance pour qu'il ne s'inquiète pas.
Au téléphone, je devais rassurer. Ces appels, je les passais toujours sous très étroite surveillance et le fusil jamais loin de ma tête. Je devais jouer l'homme fatigué, qui voulait changer de vie.
Il est finalement libéré le 13 juillet lorsque ses ravisseurs récupèrent des lingots d'or grâce à son argent. "Ils m'ont installé dans le camping-car et on a roulé. Ils se sont garés, m'ont donné un téléphone, 'pour me surveiller', m'ont-ils dit, et ils m'ont demandé d'attendre 15 minutes. (...) Ma voiture était là. Je suis monté à bord, j'ai pris le volant et j'ai roulé, roulé…"
Ses trois ravisseurs et l'un de leurs complices ont été arrêtés par la police espagnole, mais le Français reste traumatisé. "Encore aujourd'hui, quand je croise quelqu'un dans la rue, s'il met la main dans sa poche, je tremble." Et d'ajouter : "Je dors mal, je fais des cauchemars, au moindre bruit je sursaute."
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