Le parquet général demande un nouveau procès pour Dany Leprince
Actualisé à 13h35, avec la demande du parquet d'un nouveau procès
Au terme de son enquête, plus de dix ans après les faits, la commission de révision a estimé qu’il y avait des éléments nouveaux, inconnus de la cour d’assises au moment du procès, "de nature à faire naître le doute" sur la culpabilité de Dany Leprince.
_ Le 8 juillet dernier, celui qui avait été surnommé "le boucher de la Sarthe" a été remis en liberté. Il vit aujourd’hui dans le Lot-et-Garonne avec sa nouvelle épouse.
Il a purgé 16 années de sa condamnation à perpétuité, pour le quadruple meurtre de son frère, sa belle-sœur et deux de leurs filles de 10 et six ans. En septembre 1994 à Thorigné-sur-Dué (Sarthe), seule la fille cadette, âgée de deux ans, avait échappé au carnage.
Le dossier de l’accusation reposait exclusivement sur trois dépositions à charge – celle de l’ex-épouse de Dany Leprince, de leur fille aînée Célia et de la fillette survivante. Les deux premières disent avoir vu Leprince tuer son frère, mais pas les autres victimes.
Aucune preuve matérielle n’a pu être apportée à l’appui de ces déclarations, et Dany Leprince, qui n’avait avoué en garde à vue que le meurtre de son frère, avait fini par se rétracter et clamer son innocence.
Lors du procès d’assises en 1997, l’accusation avait soutenu que l’accusé avait massacré la famille de son frère parce que celui-ci avait refusé de lui prêter 20.000 francs (3.000 euros).
Nouveaux éléments
Il s’agit notamment d’une trace d’ADN sur un couteau, des nouvelles déclarations de son ancienne épouse, et du créneau horaire des crimes.
Entendue par la commission de révision, l’ex-épouse, Martine Compain, qui a fait état d’importantes pertes de mémoire, n’a pas exclu d’avoir pris part aux faits dont elle dit avoir été témoin : "J’ai peut-être tué quelqu’un. Je l’ai dit à mon avocate", avait-elle déclaré.
La commission estime également que le créneau horaire pendant lequel les crimes ont été commis méritait d’être revérifié.
_ Ces faits nouveaux ont convaincu le parquet général : il a demandé ce matin l'annulation de la condamnation de Leprince et la tenue d'un nouveau procès.
La Cour de cassation, siègeant en Cour de révision, peut désormais suivre cette demande, annuler la condamnation de Dany Leprince et le renvoyer devant une cour d’assises pour un nouveau procès : ce serait la neuvième fois qu’une telle procédure aboutirait en France.
_ Elle peut aussi rejeter purement et simplement la requête : Dany Leprince sera alors renvoyé en prison pour purger la fin de sa peine.
Gilles Halais, avec agences
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