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Les détenus des Baumettes privés de leur page Facebook provocante

Des enquêtes administrative et judiciaire ont été ouvertes après la publication fin 2014 d'une page Facebook sur laquelle les détenus de la maison d'arrêt des Baumettes, à Marseille, se mettaient en scène avec des liasses de billets et des produits stupéfiants. Les syndicats demandent une fouille générale.
Article rédigé par franceinfo
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  (Les Baumettes accueillent plus de 1.800 détenus pour environ 1.200 places © Maxppp)

Il n'a fallu que quelques semaines à la page Facebook "MDR o baumette" (Mort de rire aux Baumettes) pour connaître un véritable succès. Photos à l'appui, les détenus tout sourire, y exhibaient leurs téléphones, de la drogue ou des liasses de billets, dans leurs cellules, dans les coursives ou dans la cour de promenade de la prison. De quoi se faire 4.800 amis, raconte La Provence qui révèle l'information lundi et publie quelques images.

Mais la page n'a pas amusé tout le monde. Des enquêtes administrative et judiciaire ont été ouvertes. Selon le directeur interrégional de l'Administration pénitentiaire de Marseille, Philippe Perron, cette page a été publiée depuis "l'extérieur " de la prison, avec des clichés "remontés de l'établissement ", mais l'auteur n'a pas encore "été identifié " et il a retiré la page dès que "ça a commencé à se savoir ".

Et les surveillants montent au créneau : "C'est la sécurité qui est remise en question, ils ont de tout dans ces cellules, c'est des cavernes d'Ali-baba... "

La page Facebook "MDR o Baumettes" ne fait pas rire les surveillants, à Marseille Marie-Christine Lauriol

"Un surveillant pour 130 détenus"

Les syndicats dénoncent également la surpopulation carcérale (1.800 détenus pour 1.200 places), le manque d'effectifs, et l'été dernier un chantier mal surveillé qui a permis la projection de nombreux objets dans la prison.

"La situation est devenue ingérable avec en moyenne un surveillant pour 130 détenus. On réclame en vain des effectifs supplémentaires et une fouille générale qui, pour des raisons budgétaires, n'a plus eu lieu depuis plusieurs années aux Baumettes ", regrette le délégué du syndicat majoritaire de l'établissement. 

Les détenus se fabriquent des "armures en plastique renforcé"

Pour favoriser notamment le "maintien des liens familiaux ", la contrôleure générale des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan, s'est déclarée favorable à l'autorisation de téléphones portables en détention, sous certaines conditions. Une solution qualifiée de "bêtise sans nom " par les syndicats. Mais Amid Khallouf, coordinateur régional sud est de l'Observatoire international des prisons, indique sur France Info qu'"avoir accès à Internet ou au téléphone portable permettrait avant tout aux personnes détenues de pouvoir communiquer avec leurs proches ".

"Les détenus sont des personnes dont on ne voit jamais le visage, ce qui les met encore plus à l'écart de la société" - Amid Khallouf

Pour la CGT, le plus important, qui n'apparaît pas sur les photos qui ont circulé en ligne, ce sont les armes qui circulent en grand nombre dans les couloirs de la prison. "C'est une réalité, on sait par exemple que les couteaux circulent en détention. Au point que certains détenus ne sortent plus en promenade sans une forme d'armure en plastique renforcé, dont ils se servent pour protéger les parties vitales de leur corps ".

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