Les gardiens de prisons lèvent leur menace de blocage
L'homme s'est pendu, cette nuit, dans sa cellule de la prison de Loos, près de Lille. Il était âgé de 52 ans. C'est le cinquième suicide dans les prisons françaises depuis le début du mois.
Une série noire qui jette une lumière blafarde sur le système pénitentiaire hexagonal... et qui rappelle que le taux de suicide dans les prisons françaises est l'un des plus élevé d'Europe.
Et les chiffres viennent corroborer ces études, et justifier les condamnations du conseil de l'Europe et de la cour européenne des droits de l'Homme.
_ Avec le suicide de cette nuit, c'est plus de 90 détenus qui se sont suicidés dans les 200 prisons françaises depuis le début de l'année. Il y en avait eu 115 sur toute l'année 2004, 122 en 2005, 94 en 2006, 96 en 2007.
Surpopulation
Face à cette réalité, les surveillants de prison dénoncent le délabrement et la surpopulation des établissements. “La pénitentiaire est à l'agonie et la ministre ne le voit pas. Si on continue, il va y a avoir le feu”, a averti Christophe Marquès, du syndicat Force ouvrière, alors que la surpopulation carcérale a atteint au 1er octobre un taux rarement égalé: 63.185 détenus pour moins de 51.000 places.
Créations d'emploi
Alors les représentants des surveillants de prisons sont-ils ressortis de la chancellerie ce matin avec l'antidote à cette épidémie ? Il faudra du temps pour mesurer les conséquences des “engagements fermes” qu'ils ont obtenu de la ministre de la justice, Rachida Dati, qui les recevait enfin, après le psychodrame de ce début de semaine (lire nos articles en lien en bas de page).
_ Quoiqu'il en soit, les trois principaux syndicats de surveillants (Ufap, FO-pénitentiaire et de la CGT-pénitentiaire) ont estimé ces garanties suffisantes pour lever leur menace de blocage des établissements pénitentiaires à partir du 13 novembre. La ministre leur a promis des créations d'emplois, ce qu'ils réclamaient pour pouvoir prendre en charge la population pénitentiaire de façon plus satisfaisante. Ils ont refuser de révéler les propositions chiffrées de la ministre, mais “ils feront des efforts au niveau des effectifs”, insisté Céline Verzeletti, de la CGT-pénitentiaire.
Et si le gouvernement ne traduit pas ses promesses sur le terrain, les gardiens menacent déjà de “retourner sur le terrain”.
Grégoire Lecalot, avec agences
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