Marseille : le gouvernement rejette la présence de l'armée dans les quartiers
Après un 19ème mort à Marseille dans un règlement de comptes et la polémique lancée par la sénatrice
socialiste, Samia Ghali sur un recours à l'armée réclamé , le gouvernement a décidé de prendre le dossier en main. Jean-Marc Ayrault s'est dit déterminé "à ne pas laisser les choses dériver" et en a appelé "à la mobilisation de tous" .
Le Premier minstre a convoqué un comité interministériel pour le 6 septembre. Manuel Valls (Intérieur), Christiane
Taubira (Justice), Vincent
Peillon (Education), François Lamy (Ville), Marylise Lebranchu (Réforme
de
l'Etat), Arnaud Montebourg (Redressement productif) et Pierre Moscovici
(Economie et Finances) se réuniront à Matignon afin
d'élaborer un programme d'action pour la ville, enlisée dans une "guerre
des cités". Mais le gouvernement a déjà exlcu toute intervention militaire dans les quartiers marseillais.
L'armée "n'a pas sa place" pour Manuel Valls
Que ce soit en mai 1968 ou lors des émeutes qui ont ébranlées la
france en 2005, l'armée n'est jamais intervenue pour maintenir l'ordre
dans les quartiers difficiles. Pour autant, une telle intervention est
régulièrement souhaitée par des élus pour épauler les forces de l'ordre.
Mais cette fois encore, il est "hors de question" pour le
gouvernement d'envisager une réponse militaire aux crimes et aux drames
rencontrés comme le déclare Manuel Valls, ministre de l'Intérieur,
favorable à "une réponse globale, en profondeur et particulièrement
forte" .
Des propos appuyés par le
ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian : "conformément aux
déclarations du ministre de
l'Intérieur, le ministre de la Défense confirme que le concours de
l'armée n'est
en aucun cas envisagé dans le maintien de l'ordre public à Marseille".
Par ailleurs, le chef de l'État, François Hollande a déclaré lors d'un point presse avec le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, que "l'armée n'a pas sa place pour contrôler les quartiers de notre République. (...) c'est le travail de la police, qui doit d'ailleurs être renforcée encore à Marseille".
Plus de moyens pour la lutte contre la drogue*
Renforcer les dispositifs de lutte semble donc la solution explorée par le gouvernement. Alors
qu'un sondage IFOP de 2011 révélait que 60% des Français estimaient que
le recours à l'armée constituerait "un symbole de retour de l'ordre
républicain dans certaines zones du territoire" , les contestations affluent après la demande de Samia Ghali qui estime qu'il n'y
a "que l'armée qui puisse intervenir face aux engins de guerre
utilisés par les réseaux" criminels et les trafiquants de drogue.
Jean-Claude Gaudin, maire UMP de Marseille, a lui jugé les propos de la sénatrice "irresponsables" et a considéré que seule une réponse ferme et adaptée du gouvernement "qui aille au-delà des effets d'annonce de la création de zones de sécurité prioritaires" peut ralentir la recrudescence des actes de violence.
"La
ville a besoin de renforts de police, pas d'un appel à la guerre
civile" (Jean-Claude Gaudin)
Une vision partagée par le délégué zonal adjoint du syndicat de policiers Alliance, David-Olivier Reverdy : "chacun son métier ! Qu'on nous donne plutôt
les moyens de lutter contre les trafics souterrains" .
2012, un bilan accablant
Cette polémique grandissante sur un éventuel recours à l'armée et
l'annonce d'un comité interministériel interviennent au lendemain d'un
nouveau meurtre dans les quartiers nord de Marseille.
Tué mercredi soir d'une rafale de Kalachnikov, le jeune homme de 25 ans est la deuxième victime du mois d'août. Relâché de prison, un homme avait été tué par balles samedi soir dernier dans les quartiers sud de la ville.
Quatorze personnes ont été tuées dans un règlement de comptes depuis le début de l'année. Pas moins d'une vingtaine dans la région marseillaise. Soit déjà plus que sur toute l'année 2011 (16 morts, dont 13 dans la cité phocéenne).
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