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Merah : "Moi la mort, je l'aime comme vous vous aimez la vie"

Des enregistrements des négociations de Mohamed Merah — qui a tué sept personnes en mars à Toulouse et à Montauban — avec des policiers ont été diffusées dimanche soir dans l'émission Sept à huit sur TF1. Une diffusion réalisée "sans respecter les victimes" selon Manuel Valls. La police des polices a été saisie.
Article rédigé par Pierre Breteau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

TF1 a diffusé dimanche, pour la première fois, des extraits audio des discussions entre Mohamed Merah et les policiers pendant les 32 heures du siège de son appartement toulousain qui s'est achevé par la mort du tueur au scooter le 22 mars.  Dans ces extraits diffusés dans l'émission Sept à Huit et présentés comme un docupment autjentique, Mohamed Merah affirme être prêt à poursuivre sa folie meurtrière, assure être en liens avec Al-Qaïda et le grand banditisme, et explique comment il a trompé la vigilance de la DCRI qui le surveillait.

On entend que le tueur présumé de Toulouse et de Montauban avait des cibles précises : "Tuer certains diplomates, comme l'ambassadeur de l'Inde, des chefs de presse..." Il continue et explique le mode opératoire :

"On m'a proposé de faire des bombes, j'ai pas voulu. Les produits qu'il faut pour faire des bombes, c'est assez surveillé en France. Je leur ai dit 'entraînez-moi avec des pistolets'."

Au fur et à mesure des négociations, il se fait plus déterminé, il explique qu'il a "les armes à la main"  :

"Je sais que vous risquez de m'abattre, c'est un risque que je prends. Donc voilà, sachez qu'en face de vous, vous avez un homme qui n'a pas peur de la mort. Moi la mort, je l'aime comme vous vous aimez la vie."

Parmi les quatre heures d'enregistrements que la chaîne détient, il fait le détail de ses voyages, de sa formation aussi. Il est passé par Israël, l'Afghanistan ou le Pakistan et il raconte qu'il a eu du mal à gagner la confiance des "frères ". Il rentre dans le détail, explique qu'on lui a proposé des attaques en Amérique, au Canada : "Et moi je leur ai dit que comme j'étais français, c'était plus facile et plus simple d'attaquer la France..."

Il se moque aussi des enquêteurs en rappelant leur avoir dit que lorsqu'il avait été convoqué de retour de ces pays, il avait répondu  y avoir fait du tourisme: "Tu crois que je vais faire du tourisme au Pakistan et en Afghanistan ? Qui  t'as vu faire du tourisme là-bas ? Quand tu m'as convoqué, quand j'étais dans vos bureaux, j'étais en contact avec eux. Je les avais trouvés."  Et il lance au policier qui l'a cru: "C'est l'une des plus grandes erreurs de ta carrière " , avant d'ajouter : "La guerre est une ruse."

Il poursuit en racontant comment il essayait de brouiller les pistes :

"J'allais en boîte, je m'habillais d'une certaine façon qui montre que j'ai pas le profil de quelqu'un qui fait partie d'Al-Qaïda. J'avais fait une vraie coupe fashion, t'as vu, la crête, les cheveux longs... Ça faisait partie de la ruse."

À la fin de l'extrait diffusé, Mohamed Merah qui semblait vouloir se rendre annoncera qu'il a changé d'avis. La suite, on la connait.

La police des polices saisie par le ministère de l'Intérieur

Dans un communiqué, Manuel Valls, s'est étonné de la diffusion de ces enregistrements, "au moment même où la justice est saisie, aucune précaution n'a été prise pour respecter les familles des victimes ". Et il s'interroge " sur les moyens par lesquels le diffuseur a pu se procurer le dit enregistrement" . Un peu plus tard, le ministère de l'Intérieur annonce que "le Directeur général de la police nationale avait saisi l'IGPN pour une enquête administrative."

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