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Après le suicide de Maggy Biskupski, une marche blanche et des questions dans la police

Une marche blanche a lieu samedi 24 novembre dans l'après-midi à Paris et dans plusieurs villes de France, notamment Bordeaux, Lyon, ou Le Havre en hommage à Maggy Biskupski. Après son suicide, la profession se demande comment faire pour que cela n'arrive plus. 

Article rédigé par David Di Giacomo, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Maggy Biskupski, décédée le 12 novembre dernier, ici lors d'une manifestation du Mouvement des policiers en colère le 13 décembre 2016. (BERTRAND GUAY / AFP)

"On dit toujours qu'on est flic 24/24h, c'est un peu vrai, expliquait Maggy Biskupski il y a plusieurs mois à des journalistes venus l'interviewer. Et quand vous êtes au boulot et que ça ne va pas, vous ne pouvez pas rentrer chez vous avec 'le smile', happy comme si tout allait bien. Forcément, après, ça se répercute dans votre vie de famille, puis petit à petit tout se dégrade et à un moment vous lâchez prise et vous commettez l'irréparable", confiait-elle. Les anciens collègues de Maggy Biskupski ont ressorti ces images dans un hommage vidéo qu'ils ont partagé sur les réseaux sociaux, après sa mort le 12 novembre dernier. Ils rappellent qu'avant de mettre fin à ses jours avec son arme de service, la porte-parole des Policiers en colère avait elle-même fait de la lutte contre les suicides l'un de ses combats. 

Le mal-être policier, un tabou

Depuis son décès, trois autres policiers se sont donné la mort en l'espace de dix jours, ce qui porte à 33 le nombre de décès depuis le début de l'année, alors qu'un nouveau plan de lutte contre les suicides a été adopté en mai dernier par le ministère de l'Intérieur. Des fonctionnaires en souffrance qui trop souvent ne sont pas détectés par leur hiérarchie. "Faire savoir qu'on a des problèmes personnels dans la culture police, c'est quelque part se mettre en difficulté dans son métier, dénonce Philippe Capon, le secrétaire général du syndicat Unsa-police. C'est parfois se faire retirer son arme - un policier sans arme ce n'est plus un policier - donc c'est une problématique à gérer, sur le retrait de l'arme, sur des problèmes spécifiques aux policiers, qui sont très complexes et sur lesquels le ministère de l'Intérieur a du mal à avancer parce qu'il faut un accompagnement au quotidien extrêmement complexe."

Banaliser le retrait d'arme

Désarmer un policier ne doit plus être tabou, c'est l'un de objectifs du plan de lutte contre les suicides adopté en mai dernier par le ministère"On peut avoir des temps dans la carrière, pas forcément liés à une fragilisation psychologique, mais à un arrêt maladie ou une autre difficulté, une blessure, où on est désarmé, explique Noémie Angel, chargée de la prévention et de l'accompagnement au sein de la police nationale. "C'est un acte qui doit être relativement banalisé pour être mieux accepté et pas vécu comme stigmatisant. D'où l'idée de travailler en amont sur les représentations en termes de formation initiale", poursuit-elle.

Ils sont 89 psychologues à l'écoute des policiers sur l'ensemble du territoire mais ne sont pas assez sollicités, estime pour sa part Catherine Pinson, cheffe du service de soutien psychologique de la police. "Les personnes qui sont bien accompagnées peuvent continuer leur parcours de vie professionnel dans de très bonnes conditions si elles ont été bien prises en charge. La mobilisation générale est nécessaire aussi. Cette entraide-là on en a besoin en matière de prévention du suicide", insiste-t-elle. L'objectif est de restaurer le collectif au sein de la maison police pour inverser la tendance, alors que le taux de suicide dans les rangs des forces de l'ordre est trois fois plus important que dans le reste de la population.

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