: Info franceinfo Seine-et-Marne : le patron d'une compagnie de CRS visé par une enquête pour détournement de biens publics
Le patron d'une compagnie républicaine de sécurité, la CRS 4, basée à Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne) est visé par une enquête préliminaire pour des soupçons de détournement de biens publics et de violation de secret professionnel, a appris lundi 20 novembre franceinfo auprès du parquet de Meaux.
Cet officier de police, patron de cette compagnie républicaine de sécurité depuis 15 années, est soupçonné d'avoir abusé de biens et avantages auxquels il avait accès uniquement dans le cadre de sa mission de commandant de police. Les enquêteurs de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la police des polices à qui le procureur de Meaux a confié l'affaire, cherchent à expliquer les centaines d'heures supplémentaires déclarées par ce commandant âgé de 56 ans, qu'il est soupçonné de ne pas avoir effectuées.
Soupçonné d'avoir détourné plusieurs milliers d'euros
Les enquêteurs cherchent également à faire la lumière sur ses déplacements personnels, ou bien au bénéfice de ses proches, qu'il est soupçonné d'avoir effectués avec un véhicule professionnel réservé uniquement au service. Au total, il est soupçonné d'avoir détourné plusieurs milliers d'euros. Les enquêteurs s'intéressent aussi au repas des fiançailles de son fils, pour lequel des denrées alimentaires de la CRS 4 sont soupçonnées d'avoir été détournées.
Enfin, l'IGPN veut vérifier pourquoi ce commandant a sorti des équipements – grenades, gilet pare-balles, casque – de son unité en dehors du cadre prévu, afin d'en faire profiter un ami, préfet de Seine-Saint-Denis, aujourd'hui devenu préfet de la région Hauts-de-France. Ce dernier joint par franceinfo explique ne pas avoir eu connaissance de la présence de grenades de désencerclement dans le colis envoyé par celui qu'il décrit comme "un ami dont il s'est aujourd'hui éloigné", mais qu'il considère lui "comme un bon professionnel". Il ajoute : "Pour moi, dans ce colis, il n'y avait qu'un casque et un gilet et je n'ai gardé que le casque".
Un fonctionnaire "toujours bien noté", assure sa défense
"Si ces agissements étaient avérés, ce serait inacceptable et la réponse devrait être d'une juste et réelle sévérité", a déclaré le procureur de la République de Meaux, Jean-Baptiste Bladier, à franceinfo. Me Jean-Christophe Yaèche, avocat du commandant en question qui est depuis quelques semaines en arrêt maladie, fait savoir lundi soir que son client ne peut commenter ces soupçons, découvrant seulement l'existence de l'enquête préliminaire – en ignorant donc les détails – et étant tenu au devoir de réserve, comme tout policier. Il rappelle que son client "n'a jamais eu de problème dans ses fonctions, a toujours été bien noté par sa hiérarchie et même décoré de l'Ordre du mérite".
Un rapport d'inspection interne rédigé par la direction centrale des CRS, rapport édifiant dont franceinfo a eu copie, décrit le policier comme absent de sa caserne de manière chronique au point que ses hommes ne le connaissent pas ou seulement de vue. Il y est décrit comme un cadre policier plus concentré sur sa pratique du golf et de la natation que sur sa mission au service du maintien de l'ordre. Et ses compétences techniques et opérationnelles sont présentées dans ce document comme faisant clairement défaut.
En plus de l'enquête judiciaire, une enquête interne de l'administration est ouverte, également confiée à l'IGPN, pour établir si il y a ou non eu atteinte à la probité. L’enquête ne fait que commencer et pourra durer plusieurs mois.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.