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Le racisme en France est un "problème récurrent", qui fait l'objet d'un "déni", estiment le prêtre Christian Delorme et l’islamologue Rachid Benzine

Certains comportements "sont d’abord le fruit d’une histoire", estiment les deux personnalités.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des manifestants contre le racisme et les violences policières à Lyon, le 7 juin 2020. (JEFF PACHOUD / AFP)

"Le racisme auquel nous assistons en France est un problème structurel, c’est un problème d’héritage, c’est un problème de culture coloniale et post-coloniale, il dépasse les individus", a estimé mardi 9 juin sur franceinfo l’islamologue Rachid Benzine, qui a cosigné le 6 juin dernier, avec le prêtre Christian Delorme, une tribune dans Le Monde intitulée "Il est urgent de s’interroger sur les causes profondes de la fracture entre jeunes de banlieue et forces de l’ordre".

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Les deux hommes se sont exprimés après plusieurs jours de manifestations pour dénoncer les violences policières et le racisme. "Le mot fracture est peut-être trop faible", a d’ailleurs expliqué sur franceinfo Christian Delorme.

Il y a une problématique qui n’a fait qu’empirer d’année en année.

Christian Delorme

à franceinfo

"Aujourd’hui, on a des générations de jeunes qui sont des Français et qui se sentent toujours stigmatisés en raison de leur faciès, de leur culture, de leur appartenance familiale. Et on n’a jamais su soigner cela. C’est un problème récurrent", a souligné le prêtre, qui est l’un des initiateurs de la Marche pour l’égalité et contre le racisme, surnommée "Marche des beurs", en 1983. Mais selon lui, il convient de ne pas "jeter la pierre aux policiers", car "il y a un vrai problème de culture" en France.

Pour l’islamologue Rachid Benzine, si cette fracture persiste, c’est parce qu'"on est encore dans le déni" : "En vérité, une société a des comportements collectifs qui sont d’abord le fruit d’une histoire", a-t-il expliqué.

Quand on a été un pays colonial, on a des représentations de l’autre qui vont impliquer des actions.

Rachid Benzine

à franceinfo

"À trop fermer les yeux" sur cette histoire, "on ne trouvera pas de solutions", a prévenu Rachid Benzine. "La question qu’on doit se poser c’est 'comment créer un récit commun ?' (…) Cela passe par la reconnaissance de ce déni. La reconnaissance que la question des droits individuels des citoyens français d’origine maghrébine ou africaine a quelque chose à voir avec notre histoire coloniale, avec un exercice de conscience collective, et que les pathologies sociales auxquelles nous assistons aujourd’hui sont d’abord des dénis de reconnaissance qui produisent du mépris social", a ajouté l’islamologue.

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