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"Quand on me demande ce que je fais, je suis pompier" : un chef d'équipage en police secours raconte le blues des policiers

Manifestations contre les violences policières, accusations de racisme dans leurs rangs, les policiers sont confrontés à une période compliquée. Bien que désabusé, Olivier qui travaille en région parisienne, veut toujours croire en son métier.

Article rédigé par franceinfo, David Di Giacomo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des menottes et des badges de policiers déposés au sol devant la préfecture de police lors d'une manifestation en réaction aux annonces du ministre de l'Intérieur, Paris, le 17 juin 2020. (BERTRAND GUAY / AFP)

Olivier n'a jamais connu un tel ras-le-bol. Chef d'équipage en police-secours, à 35 ans, il passe son temps à remotiver ses collègues. "La police a le blues oui, c'est sûr. Et les jeunes encore plus (qui se disent) : 'Pourquoi je suis venu là ? Il faut que je me reconvertisse...' C'est compliqué de faire comprendre aux plus jeunes que c'est un beau métier." 

Après les manifestations contre les violences policières et le racisme dans leurs rangs, le moral est en berne chez les policiers qui multiplient les actions pour montrer leur colère. Et depuis le discours de Christophe Castaner, le 8 juin dernier, de nombreux fonctionnaires ont le sentiment d’avoir été lâchés par leur ministre. Aux accusations de racisme qu'il entend, Olivier explique : "On le vit mal parce qu'on a une police à l'image de la société : black-blanc-beur.

Notre métier, c'est d'aller vers les autres, d'aider tout le monde et comme dans tous les métiers, il y a des policiers qui peuvent être racistes. Ceux-là, il faut les dégager.

Olivier, chef d'équipage en police-secours

à franceinfo

S'il assure être toujours fier de son métier de policier, ce père de deux enfants fait tout de même bien attention à cacher sa profession. "Quand on me demande ce que je fais, je suis pompier à Paris. On a peur de l'agression à la maison, explique-t-il. C'est une règle, je pense, qui est de plus en plus généralisée. C'est la preuve qu'il y a un problème et qu'il y a quand même un malaise." 

Favorable au port de la caméra

Lorsqu'on lui montre une photo, prise après les attentats du 13 novembre, de deux policiers qui se prennent dans les bras, "c'est vrai que cette photo avait fait le tour de tous les commissariats, se souvient Olivier. Il est loin, ce temps. Nous, on n'oublie pas, mais les gens oublient vite", regrette le fonctionnaire. Aujourd'hui, à l'heure des réseaux sociaux, Olivier milite pour que tous les policiers en tenue soient équipés d'une caméra : "On pourrait, en cas de doute, montrer aussi nos images de l'intervention du début jusqu'à la fin." 

Quand on annonce que l'intervention est filmée tout de suite, ça calme les choses.

Olivier chef d'équipage en police-secours

à franceinfo

Améliorer l'image des gardiens de la paix auprès de la population, c'est aussi le rôle de la hiérarchie policière, Olivier en est convaincu. Il tient d'ailleurs à adresser un petit message à la nouvelle promotion de commissaires qui sort justement aujourd'hui. "À tous ces jeunes commissaires, je leur dirais 'soyez humains, prenez soin nos effectifs et ne considérez pas votre commissariat comme une entreprise'."

Des policiers ont le blues : écoutez le témoignage d'Olivier, avec David Di Giacomo
 

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