Un policier qui avait qualifié après sa mort Adama Traoré de "repris de justice" et de "violeur" sera finalement jugé en septembre prochain
Cela fait suite à une plainte déposée en juillet 2017 par la soeur d’Adama Traoré, Assa Traoré, et à une procédure judiciaire pour le moins laborieuse.
Un policier comparaîtra le 2 septembre prochain devant le tribunal correctionnel de Bobigny pour diffamation et injure publique à la mémoire d’Adama Traoré, a appris franceinfo auprès de l’avocat Yassine Bouzrou, qui défend la famille du jeune homme, mort il y a 4 ans après son interpellation par des gendarmes à Beaumont-sur-Oise, dans le Val-d’Oise. Cela fait suite à une plainte déposée en juillet 2017 par la soeur d’Adama Traoré, Assa Traoré, et à une procédure judiciaire pour le moins laborieuse.
''Violeur'', ''repris de justice''
Les faits incriminés se sont produits le 22 juillet 2017, à la gare d’Epinay-Villetaneuse. Un voyageur qui se rend à la marche organisée à Beaumont-sur-Oise, en hommage à Adama Traoré, un an après sa mort, est contrôlé par un policier. La personne qui l’accompagne filme la scène, et demande aux trois agents présents: "Vous savez où on va ?". L’un des policiers répond : "Ouais, sauver… euh quoi ? Un repris de justice, c’est très bien! Un violeur, c’est très bien." Partagée sur internet, la vidéo suscite immédiatement la colère de la famille d’Adama Traoré.
Mais l’affaire va longtemps traîner. L’avocat Yassine Bouzrou reproche d’ailleurs au procureur de la République de Bobigny d’avoir "tenté, à deux reprises, d’empêcher le renvoi du policier devant un tribunal". "Les misérables arguments procéduraux avancés ont été balayés, aussi bien par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris, que par le magistrat instructeur. J’ignorais qu’un procureur de la République pouvait soulever des arguments juridiques aussi pauvres et erronés", assure-t-il à franceinfo.
La plainte d'Assa Traoré d'abord jugée irrecevable
La plainte d’Assa Traoré avait été en effet jugée irrecevable dans un premier temps, pour une question de non-respect du délai de versement d’une consignation de 300 euros, mais la chambre de l’instruction avait ensuite annulé cette décision. Plus tard, alors que l’agent - identifié par les enquêteurs comme étant bien celui qui avait prononcé les mots "repris de justice" et "violeur" avait été mis en examen, le procureur de la République estimait qu’il n’y avait pas lieu de juger le policier, les faits étant selon lui "prescrits" en l’absence de nouveaux actes d’enquêtes depuis plus de trois mois.
Une "mauvaise lecture" de la loi, lui répond en substance la juge d’instruction dans l’ordonnance de renvoi que franceinfo a pu consulter. Et la juge de renvoyer le policier à la barre du tribunal. Il devra répondre des accusations de diffamation et d’injure publique dirigée contre la mémoire des morts.
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