Procès Alzheimer : un an de prison avec sursis

Sans surprise. Après un délibéré de plus de trois heures, les jurés de la cour d'assises du Val-de-Marne ont choisi de ne pas accabler cet octogénaire qui avait tué sa femme, malade d'Alzheimer. L'homme a été condamné à la peine symbolique que réclamait l'avocat général, un an de prison avec sursis.

Lors de l'audience, l'accusé était longuement revenu sur les circonstances du drame, expliquant qu'il avait craqué. Le 9 janvier 2003, "dans un moment de rage", il a étranglé sa femme. "Je devais faire sa toilette, changer ses draps. Elle oubliait des choses, ne savait plus la date, l'heure. Elle m'insultait, me disait que j'avais des maîtresses, que je n'étais pas allé la voir à l'hôpital. C'était toujours des
discussions interminables".

Selon un proche voisin, le retraité, qui avait perdu 13 kilos en quelques mois, était "au bout du rouleau". Et pourtant, il formait avec sa femme, depuis plus de cinquante ans un couple décrit par tous comme très uni. "La vie devenait impossible pour lui", a estimé à la barre ce voisin. "Des fois, la nuit, sa femme allumait la lumière, déménageait les meubles. A la fin
c'était de plus en plus fréquent."

Et l'octogénaire d'expliquer : "ce qu'il lui fallait, c'était une clinique spécialisée. J'avais dit au médecin de l'hôpital: la place de ma femme n'est pas à la maison. Il m'a répondu : vous êtes grand, vous êtes fort, vous allez rentrer à la maison avec elle". Son fils, quelques instants auparavant, a lui aussi mis en cause le médecin de l'hôpital Saint-Camille de Bry-sur-Marne (Val-de-Marne) qui avait laissé sortir sa mère.