Procès des viols de Mazan : "Que Dominique Pelicot puisse s'expliquer, ce n'est pas le dédouaner", dit l'avocate féministe Michelle Dayan

L'avocate Michelle Dayan était invitée sur franceinfo, mardi, après que Dominique Pelicot s'est exprimé pour la première fois devant la cour criminelle de Vaucluse.
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Radio France
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Michelle Dayan, avocate et présidente de l'association Lawyers For Women, jeudi 21 décembre 2023 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"Parler, expliquer, ce n'est pas se dédouaner, ça s'appelle un Etat de droit", a déclaré, mardi 17 septembre sur franceinfo, l'avocate féministe Michelle Dayan, présidente de Lawyers for women, une association de juristes luttant contre les violences faites aux femmes, après que Dominique Pelicot s'est exprimé pour la première fois devant la cour criminelle de Vaucluse depuis le début du procès des viols de Mazan.

Après avoir demandé "pardon" à son ex-épouse Gisèle Pelicot, et avoir reconnu être "un violeur", l'accusé a évoqué sa jeunesse qu'il a qualifiée de "difficile", marquée par des parents "qui se violentaient entre eux" en parlant rapidement de deux épisodes "traumatiques", un viol qu'il aurait subi à l'âge de 9 ans et un autre qu'il aurait été contraint d'effectuer sur un chantier alors qu'il y travaillait en tant qu'apprenti.

"Ça a aussi une valeur pédagogique"

"Un procès d'assises, c'est d'abord le procès de l'accusé. Il a le droit, n'en déplaise à quelques-uns, de s'expliquer", a estimé l'avocate Michelle Dayan, dénonçant notamment "toutes les personnes qui hurlent en disant qu'il ne faut pas qu'il s'explique". "Je comprends que l'émotion est forte, mais expliquer, pour un accusé, ce n'est pas forcément se dédouaner ou se déresponsabiliser. C'est important que l'accusé puisse se défendre et s'expliquer, sinon on bascule dans la dictature et il n'y a plus d'état de droit".

"Soit on décide que l'accusé ne peut pas s'expliquer, et ne peut pas donner ses explications à lui, et il n'y a plus de forme de procès, et on bascule dans la dictature ou la vindicte populaire", a-t-elle poursuivi. "Ou bien on décide, et ça a aussi une valeur pédagogique, que tout ce qui le concerne, et notamment d'avoir subi des viols dans l'enfance ou d'avoir assisté à des viols dans l'enfance, c'est quelque chose que la cour d'assises doit prendre en considération".

"Que les victimes le ressentent de manière extrêmement violente, c'est évidemment normal", a-t-elle cependant ajouté. "En revanche, c'est aussi intéressant que ce procès ne soit pas à huis clos, car il nous permet de comprendre que la culture du viol, cette violence, peut aussi prendre naissance dans l'enfance".

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