Syrie : les rebelles vendent les antiquités pour financer la guerre
Ces antiquités transitent notamment par la ville de Majdal Anjar, une petite agglomération sunnite située dans la vallée de la Békaa et adossée à la frontière syrienne. Elle est sur la route de Damas, ce qui en fait un des principaux axes de passage de la contrebande d'antiquités. Des pièces d'une valeur parfois inestimable sont vendues pour quelques centaines de dollars ou échangés contre des armes et des munitions au profit de la rébellion syrienne. Bassem, 24 ans, est un contrebandier, il se rend toutes les semaines en Syrie de l'autre côté de la montagne et revient chargé d'antiquités : "Je les fais venir à cheval. Je transporte des armes et en échange je ramène des antiquités. Après des gens importants se chargent de les vendre en Europe. La dernière fois on a reçu deux pièces qui ont été vendues ensuite près d'un million de dollars, des statues très anciennes et en or".
"Je sais que je suis en train de vendre l'héritage de notre pays..."
Bassem à l'image de l'ensemble de la population de Majdal Anjar soutient la révolution syrienne. Ici les rebelles se mêlent à la cohorte de réfugiés. Hady, 30 ans, est membre de l'armée syrienne libre, un groupe modéré soutenu par les pays occidentaux. Originaire de la Ghouta dans la banlieue est de Damas, il est venu changer des antiquités contre des armes : "Je suis venu de Syrie hier pour acheter des munitions, des roquettes, des kalachnikovs, des obus. Et en échange, j'ai apporté des antiquités. Je sais que je suis en train de vendre l'héritage de notre pays mais nous n'avons pas le choix". Hady avouera que ces armes iront également entre les mains du Front Al Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaida car en Syrie tous les groupes rebelles se sont lancés dans le trafic juteux d'antiquités.
Une fois au Liban, ces antiquités sont revendues et passent de main en main avant d'être écoulées au marché noir dans les pays du Golfe, en Europe ou aux Etats Unis. Wissam est un Libanais qui vient d'acheter plusieurs antiquités qu'il a placées dans une boîte en verre et il a fait des recherches pour connaître le prix exact de chaque pièce.
Un trafic qui rapporte entre 6 et 15 milliards d'euros par an
En dépit des efforts de l'Unesco, c'est donc au tour de la Syrie, après l'Irak, de voir son héritage ravagé ou pillé. Berceau de nombreuses civilisations, romaine, grecque, phénicienne ou byzantine le sous-sol syrien fait, depuis le début de la guerre civile, l'objet d'un pillage organisé et systématique. Et les sommes d'argent générées par ce trafic d'antiquités, le troisième plus important après la drogue et les armes, sont énormes : entre 6 et 15 milliards d'euros par an selon certains experts.
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