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Nice : "C'est un attentat, ça ne fait pas de doute. Reste à savoir au nom de qui"

Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE, explique pourquoi, dans le cadre de la tuerie de ce 14-Juillet, on peut parler d'"attentat" et d'"acte terroriste".

Article rédigé par franceinfo - Recueilli par Pierre Lecornu
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Le camion qui a foncé sur la foule sur la promenade des Anglais, le 14/07/2016. (VALERY HACHE / AFP)

Le conducteur du camion qui a fait 84 morts, jeudi 14 juillet à Nice, a été formellement identifié. Il s'agit d'un Tunisien de 31 ans, non connu des services anti-terroristes. Pour l'heure, rien ne permet encore de le relier à l'Etat islamique (EI) ; qui n'a de son côté rien revendiqué.

François Molins, le procureur de Paris en charge de l'enquête, parle pourtant d'"attentat" et de "terrorisme'". Alain Chouet – un ancien chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE (Direction générale de la Sécurité extérieure) – revient pour francetv info sur l'utilisation de ces termes et explique que ce n'est pas tant le profil exact du conducteur qui importe, mais plutôt le rôle que joue ce drame dans la stratégie globale de l'EI.

Francetv info : le drame de Nice est-il un attentat ?

Alain Chouet : Techniquement, ça ne fait pas de doute. A partir du moment où vous rentrez dans une foule avec un camion avec pour objectif de tuer des gens, c'est un attentat. Reste à savoir pour le compte de qui cela a été commis. C'est là qu'on observe le profil de l'individu, le mode opératoire, la cible.

Il a choisi la cible qui était certes la plus proche de lui mais c'est aussi un symbole. Dans le monde arabe, ils connaissent essentiellement deux villes en France : Paris parce que c'est la capitale, et Nice, qui est très connue parce que les gens riches y viennent en vacances. Ça n'aurait pas eu le même retentissement dans le monde arabe si ça avait été Bordeaux.

Peut-on également parler d'"acte terroriste" ?

"Acte terroriste" ça veut dire que ça s'inscrit dans une stratégie de terreur, et là c'est bien le cas , c'est la stratégie de terreur de l'EI. Je ne serais pas étonné qu'ils revendiquent.

Cet acte s'inscrit dans la stratégie globale de l'EI, dans les consignes qu'il donne. [Alain Chouet fait référence au message audio diffusé le 21 septembre 2014 dans lequel le porte-parole de l'EI déclare : "Si vous pouvez tuer un incroyant américain ou européen, en particulier les méchants et sales Français, (…) alors comptez sur Allah et tuez-le de n’importe quelle manière. (…) Frappez sa tête avec une pierre, égorgez-le avec un couteau, écrasez-le avec sa voiture, jetez-le d’un lieu en hauteur, étranglez-le ou empoisonnez-le. "]

Le message qu'ils veulent donner, c'est : "faites donc des attentats, on sera contents". L'EI a opéré sa transition vers le terrorisme international. Sa stratégie, c'est l'opposition à l'ennemi lointain. Toute action qui peut lui être imputée est bonne pour lui.

Peut-on d'ores et déjà qualifier le conducteur du camion de "terroriste", même si l'on en sait peu sur lui?

On en sait effectivement peu sur lui. Il faut encore attendre d'avoir plus d'éléments. On ne peut pas exclure qu'il s'agisse d'un déséquilibré, à la Breivik. Techniquement c'est un attentat, il n'y a pas de discussion, mais si vous prenez les Etats-Unis par exemple où il y a une tuerie presque tous les jours, les auteurs ne sont qualifiés de terroristes que s'ils sont musulmans.

Ici, c'est assez inévitable, je pense qu'il y a deux cas de figure : soit il y aura un lien avéré avec l'Etat islamique, soit on imputera ça de toute façon à Daech. En tant que participant à la stratégie globale de terrorisme, il sera qualifié lui aussi de terroriste.

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