Les dernières heures bruxelloises de Salah Abdeslam, vues par un de ses chauffeurs présumés
L'un des quatre chauffeurs présumés du suspect des attentats de Paris a raconté aux enquêteurs dans quelles circonstances il était monté dans sa voiture. Le quotidien "Le Monde" a eu accès à ce témoignage.
Ali O. fait partie des quatre chauffeurs présumés grâce auxquels Salah Abdeslam a quitté Paris après les attentats du 13 novembre. Ami de Brahim Abdeslam, l'un des kamikazes, ce père de famille a été interpellé le 22 novembre. Le Monde a eu accès au témoignage de cet homme placé en détention provisoire.
Le 14 novembre, ce père de deux enfants reçoit un coup de fil "bizarre" de son ami Hamza A., vendeur de cannabis dans l'ancien bar des frères Abdeslam, qui lui demande de le rejoindre à Laeken, dans le nord de Bruxelles. Cherchant justement à se procurer de quoi fumer, Ali O. se rend sur place et découvre deux hommes "très pâles". Hamza A. est accompagné de Salah Abdeslam, qui a d'autres priorités que de fumer des joints. A ce moment-là, Ali O. ignore qu'ils ont roulé toute la nuit, de Paris à Bruxelles. Au volant de sa Golf, il demande même des nouvelles de Brahim Abdeslam, sans savoir qu'il s'est fait exploser boulevard Voltaire, la veille au soir. "Chut", se contente de répondre Salah Abdeslam.
"Je vais changer de tête, on ne va plus se revoir"
Un peu plus tard, dans un bistro, le même Salah Abdeslam refuse de dire s'il est lié aux attentats de Paris. Mais Ali O. n'est pas dupe. "[Salah] semblait analyser la situation, c'est là que j'ai compris qu'il avait quelque chose à voir." La discussion, animée, dure une vingtaine de minutes, puis Ali O. dépose Hamza A. et Salah Abdeslam dans une rue de Schaerbeek, vers 14h30. Ce dernier le prend dans ses bras et lui dit qu'il "va changer de tête". "On ne va plus jamais se revoir", ajoute-t-il mystérieusement. Que fait-il ensuite ? Ali O. dit l'ignorer.
Comme le rappelle Le Monde, ces auditions livrent des renseignements intéressants sur le réseau de Salah Abdeslam, tissé durant des années aux Béguines, le bar de Molenbeek tenu par la fratrie et fermé le 4 novembre dernier pour trafic de stupéfiants. Depuis "dix mois", Brahim Abdeslam avait des "paroles très radicales", de l'aveu même d'Ali O., mais rien n'indiquait un projet d'attentat. Trois jours avant le carnage, Ali O., Brahim et Salah Abdeslam étaient même partis ensemble acheter du "shit".
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