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Les hôtels parisiens désertés par leurs clients : "C'est compliqué de gérer la panique"

Les annulations s'accumulent dans les hôtels parisiens depuis les attentats. Plusieurs professionnels racontent à francetv info l'inquiétude de leurs clients.

Article rédigé par Mathieu Dehlinger
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Des fleurs déposées en hommage aux victimes de l'attaque menée à La belle équipe, à Paris, le 17 novembre 2015. (MAXPPP)

Son hôtel est situé à quelques pas de la rue de Charonne (11e arrondissement), à Paris. Depuis les attentats du 13 novembre, Noémie, réceptionniste dans cet établissement trois étoiles, doit faire face à l'inquiétude de ses clients. "Certains ont voulu partir plus tôt, raconte-t-elle à francetv info. C'est un peu compliqué de gérer la panique."

Faut que l'on reste professionnels, souriants, qu'on garde notre sang-froid alors qu'on a perdu des proches là. Je connais très bien les gens de La belle équipe.

Noémie, réceptionniste dans un hôtel du 11e arrondissement

à francetv info

Le restaurant La belle équipe, où 19 personnes ont perdu la vie lors des attaques, est situé dans le même quartier. "On a des clients inquiets vu la situation et qui attendent que ça se calme un petit peu, explique Noémie. Depuis vendredi, on a enregistré 35 annulations. Des touristes, mais aussi des professionnels."

Près de 40% d'annulations d'ici à la fin de la semaine

Le cas de son établissement n'est pas isolé. L'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie, l'un des syndicats du secteur, s'attend ainsi à 40% d'annulations d'ici la fin de la semaine, selon Le Parisien (article réservé aux abonnés).

"Les gens qui viennent pour le travail maintiennent, beaucoup d'autres ont annulé en nous disant que, franchement, ils n'avaient pas envie de venir à Paris, résume Stéphanie Brebion, assistante du directeur de l'hôtel du Chemin vert, lui aussi situé dans le 11e arrondissement. On sent qu'il y a une crainte." Les trente chambres devaient être complètes pour le congrès des maires, mais l'événement a finalement été reporté à l'année prochaine, compte tenu de l'actualité.

"On a essayé d'être solidaires"

Pour répondre aux craintes des clients, son établissement, situé "à 800 mètres de Charlie Hebdo et à 800 mètres du Bataclan" a mis en place une politique spéciale depuis les attaques. "Certaines réservations sont non remboursables, détaille Stéphanie. Là, on permet aux gens d'utiliser leur crédit pendant un délai de six mois. On peut tout à fait comprendre que les gens aient envie de décaler leur venue."

Un peu plus loin, au Grand hôtel Nouvel Opéra, les annulations sont plus rares. "C'est franchement moins énorme que ce qu'on aurait pu penser", assure la responsable, Valérie Oliviero. Mais là aussi, il a fallu répondre à l'angoisse de la clientèle. "On avait un groupe de jeunes qui a passé la journée à l'hôtel samedi, raconte-t-elle. On avait des appels de parents inquiets, qui disaient de ne surtout pas les laisser sortir. On a été acheter des jeux de cartes, on a organisé des livraisons de pizzas. On a essayé de pallier la situation, d'être solidaires."

"Venir passer Noël à Paris, ça paraît un peu dérisoire"

Comme les autres professionnels, Valérie Oliviero attend surtout de savoir comment va se passer la période des fêtes. "Je suis humainement inquiète, bien entendu, et commercialement aussi, mais on essaye de tout relativiser, explique Valérie Oliviero. Là, c'est difficile de savoir comment ça va se passer, c'est encore trop frais, on est quand même encore tous un peu choqués. Mais Noël à Paris, ça paraît un peu dérisoire quand même pour l'instant."

Si on attrape tous les méchants, peut-être qu'on passera un joyeux Noël quand même.

Valérie Oliviero, responsable du Grand hôtel Nouvel Opéra

à francetv info

En attendant, certains établissements compensent les annulations avec la présence de journalistes, venus à Paris couvrir les attaques. "On en a du monde entier, explique David Slama, responsable de l'hôtel Gardette Park, situé à proximité du boulevard Voltaire. Mais ça va durer une semaine, pas beaucoup plus." Pas suffisant pour sauver durablement le chiffre d'affaires.

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