: Vidéo Procès des attentats du 13-Novembre : la justice "a été réparatrice" et a donné un "maximum de réponses", estime un ex-otage du Bataclan
Le procès des attentats du 13-Novembre entre dans dans sa dernière ligne droite avec le dernier jour du réquisitoire vendredi et le début lundi des plaidoiries de la défense.
La justice "a été réparatrice" et a donné un "maximum de réponses" durant le procès des attentats du 13-Novembre, a affirmé David Fritz-Goeppinger, otage du commando au Bataclan, photographe et écrivain, vendredi 10 juin sur franceinfo . Il publie chaque semaine sur franceinfo un carnet de bord du procès depuis son ouverture. David Fritz-Goeppinger a toutefois quelques regrets : il aurait aimé en "savoir plus" sur "l'enfance" des membres du commando, "leur construction personnelle" et "les rouages" de "leur radicalisation". Un procès dans sa dernière ligne droite puisque vendredi est le dernier jour du réquisitoire et lundi débuteront les plaidoiries de la défense.
franceinfo : Tenir ce journal de bord, c'est une façon de se tenir à distance du tourbillon ?
David Fritz-Goeppinger : Oui, absolument. Je l'ai toujours dit. L'idée de base, c'était de tenir le taureau par les cornes. Et quand on se réfère aux sept dernières années, le statut de victime, c'est un statut léthargique dans lequel on est mis par l'événement. Et tenir ce journal de bord, c'est aussi de redevenir sujet.
Après neuf mois d'audience, êtes-vous soulagé ?
Il y a du soulagement. On a surtout hâte que ça se finisse, il faut le dire, même si on appréhende un peu l'après. On se demande comment cela va être. Mais il y a eu un grand soulagement de se dire qu’on a découvert ça. On était dans le processus de justice. On a vu !
Vous racontez qu'il n'est pas simple de se faire indemniser par l'État durant ce procès. C'est réel ?
Ce n'est pas aussi simple que ça. Je me plains, mais peut-être que je ne suis pas la personne la plus à plaindre. Il y a des parties civiles qui n'ont jamais reçu quoi que ce soit. C'est important de connaître aussi tous les rouages et les dysfonctionnements et aussi les choses qui fonctionnent dans un grand procès comme celui-là.
Vous racontez ce procès aussi avec vos photos en noir et blanc. Vous photographiez des visages, mais parfois un rayon de soleil qui surgit dans la salle d'audience. C'est quoi ce rayon de soleil ?
Ce rayon de soleil, c'est une lumière qui a toujours été présente. Le palais de justice, pour moi, c'est une grande grotte. C'est très minéral. Parfois, il y a un rayon de lumière qui fend l'obscurité.
Avez-vous des regrets dans la façon dont s'est déroulé le procès ?
Il y avait un vrai enjeu à comprendre comment ils ont été radicalisés. Quels ont été les rouages de cette radicalisation ? Peut-être se pencher sur leur enfance, leur construction personnelle, même si ça a été fait à l'audience. Moi, je me suis retrouvé dans un couloir avec deux hommes armés avec qui j'aurais pu jouer au football quand j'étais enfant. Ce contraste, extrêmement violent et traumatique, aurait pu peut-être être déconstruit à l'audience. Je ne sais pas si c'est partagé par d'autres parties civiles, mais de mon côté, j'aurais peut-être voulu en savoir plus.
La justice a-t-elle été à la hauteur ?
Je n'ai pas la prétention de parler pour toutes les victimes. J'ai ce journal de bord qui me permet d'avoir une suranalyse des faits, mais dans mon cas, je pense qu'elle a été réparatrice et on n'est même pas encore au verdict. J'ai suffisamment de recul pour savoir si, oui ou non, j'ai réussi à obtenir le maximum de réponses de ces dix mois. J'ai l'impression que oui.
Si vous deviez garder une image de ce procès ?
Ce n'est pas une image ni une journée. Je pense que c'est une période. C'est le mois d'octobre, les cinq semaines de dépositions de parties civiles et le mois de mai aussi. En fait, pour la première fois, la justice nous a entendus. C'est assez unique. C'était très fort.
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