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Attentat raté près de Notre-Dame : l'une des accusées affirme avoir fait volontairement échouer l'attaque

Ornella Gilligmann, 32 ans, explique avoir agi par amour pour "Abou Junayd", un jihadiste rencontré sur internet mais qui était en réalité Inès Madani, l'autre accusée.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Un dessin d'audience montrant Ines Madani et Ornella Gilligmann dans le box des accusés, le 23 septembre 2019 à Paris (BENOIT PEYRUCQ / AFP)

L'une des deux accusées dit-elle la vérité ? Ornella Gilligmann et Inès Madani, jugées depuis le 23 septembre pour un attentat raté près de Notre-Dame de Paris en 2016, ont présenté lundi 30 septembre à la cour d'assises spéciale des versions irréconciliables, la première affirmant avoir volontairement fait échouer l'attaque. Depuis le début du procès, la situation est tendue entre les deux accusées qui se rejettent la responsabilité de cette tentative d'attentat.

Dans la nuit du 3 au 4 septembre 2016, elles ont laissé une Peugeot 607 remplie de bonbonnes de gaz dans une rue près de la cathédrale Notre-Dame, devant des restaurants où se trouvaient des dizaines de personnes. Elles ont tenté de la faire exploser : le plan n'a échoué qu'à cause d'un mauvais choix de carburant. Ornella Gilligmann assure que c'était son intention.

Après plus de six heures et trente minutes d'interrogatoire d'Ornella Gilligmann, le président Laurent Raviot donne la parole à Inès Madani : "Ca me fait rire, j'arrive pas à comprendre. Elle organise tout ça, on y est toutes les deux. Et puis devant la cour d'assises, on devrait presque lui donner une médaille pour sa participation !"

"Je savais qu'il était dans des trucs 'terros'"

Ornella Gilligmann, 32 ans, explique avoir agi par amour pour "Abou Junayd", un jihadiste rencontré sur internet mais qui était en réalité Inès Madani (ce qu'elle a compris seulement lors de l'instruction). Elle se serait mariée avec "Abou", comme elle continue de l'appeler, par téléphone mi-août 2016. Rachid Kassim, propagandiste du groupe État islamique (EI), aurait été le "tuteur" du mariage.

Ornella Gilligmann, qui habitait alors dans le Loiret avec ses trois enfants et leur père d'avec qui elle venait de divorcer religieusement, affirme être venue à Paris pour "consommer" ce mariage. Mais la rencontre a été une nouvelle fois reportée et elle a dû se contenter de celle qui se présentait comme "sa soeur", Inès Madani.

"Abou" lui aurait cependant demandé "un service" : acheter des bonbonnes de gaz. "Je savais qu'il était dans des trucs 'terros'", admet-elle du bout des lèvres. Elle était bien consciente qu'une action violente devait se produire, lui fait dire son avocat. "Je me suis embourbée", martèle-t-elle. "J'étais piégée. Je ne savais pas quoi faire". Ornella Gilligmann aurait décidé de faire échouer l'attentat d'Inès Madani, en remplaçant l'essence par du gazole, un carburant très difficilement inflammable.

"La version que vous développez est que vous êtes une héroïne"

Le président lui reproche d'avoir trop souvent changé de versions, ne cache pas son scepticisme. L'avocate générale va plus loin : "Vos déclarations sont confuses, contradictoires et contredites par certains éléments de la procédure. (...) Vous encourrez la perpétuité. Essayez de dire la vérité !".

La magistrate enchaîne: "La version que vous développez devant la cour est ni plus ni moins que vous êtes une héroïne, une personne qui a tout fait pour éviter un attentat. Où est votre responsabilité ?". "Avoir embrassé l'idéologie de cet homme, m'être retrouvée dans une histoire d'attentat alors que je savais que j'allais m'y retrouver, ma responsabilité, elle est là", lui répond-elle.

Inès Madani, elle, sourit discrètement à chaque tentative d'explication de sa co-accusée. Sa version était "radicalement opposée", comme l'a rappelé le président. Jeudi, elle a notamment affirmé qu'Ornella Gilligmann avait envoyé la vidéo de revendication à Rachid Kassim. Ornella Gilligmann n'avait pas alors caché son exaspération et sa colère.

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