Un informaticien jugé pour un mail d'insultes à Rachida Dati
Pour se défouler sur son ordinateur, mieux vaut sans doute opter pour une partie de jeu vidéo. Un informaticien de 24 ans en fait aujourd'hui l'expérience devant le tribunal correctionnel de Paris, où il comparaît pour outrage envers une personne dépositaire de l'autorité publique. Sur les bancs de la partie civile, la ministre de la justice, Rachida Dati. Rien que ça.
A l'autre bout de la trame chronologique qui l'amène aujourd'hui devant un juge, il y a quelques secondes de sa vie, le 31 juillet dernier. Le jeune homme s'apprête à partir déjeuner après une matinée presque comme les autres dans l'entreprise de Suresnes (Hauts-de-Seine) où il travaille. Mais ce jour là, d'après son récit, il a lu un article de journal consacré à Rachida Dati. Enervé par ce qu'il a appris, son premier réflexe - déformation professionnelle ? - est de se jeter sur son ordinateur... Geste impulsif, souvent pratiqué sur internet, il envoie un mail directement à l'objet de sa hargne. Mais son “style” littéraire, tout en provocation, ne va pas vraiment être compris. A commencer par l'adresse qu'il crée pour expédier sa bafouille : “rachida-la-grosse-pute@wanadoo.com”. Après ça, le texte du mail lui-même en semblerait presque teinté de modération : “Naze, naze, naze, le peuple aura votre peau”.
Perquisition
L'ensemble de l'oeuvre est envoyée à la mairie du VIIème arrondissement de Paris, dont Rachida Dati est maire. Le directeur de cabinet et la ministre décident de porter plainte, et la police débarque en force dans les locaux de l'entreprise : l'internaute en colère n'avait pas cherché à dissimuler son adresse IP. Devant les salariés médusés, les policiers trouvent facilement l'ordinateur fautif et le jeune homme avoue. L'enquête ne s'arrête pas là. Son domicile est perquisitionné, son ordinateur personnel disséqué et un autre texte du même tonneau, adressé à divers responsables UMP, est découvert. Mais comme il n'a été envoyé, son auteur ne sera pas poursuivi pour ça.
Sur le plan professionnel, sa vie prend aussi un autre tour. Licencié pour “faute lourde”, il est au chômage. Avant d'en finir avec les ennuis, il lui faut à présent affronter l'audience. Il risque aujourd'hui 7.500 euros d'amende et six mois de prison.
Grégoire Lecalot
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.