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"Rafiki" : le premier film kényan de l'histoire du Festival de Cannes est censuré au Kenya

La réalisatrice Wanuri Kahiu a présenté mercredi 9 mai son film Rafiki dans la sélection Un Certain regard. Ce film "promeut le lesbianisme" selon les autorités kényanes qui ont interdit sa diffusion.

Article rédigé par Yann Bertrand
Radio France
Publié
Temps de lecture : 1 min
 La réalisatrice kényane Wanuri Kahiu, entourée par les actrices Sheila Munyiva et Samantha Mugatsia, pour la projection du film Rafiki à Cannes, le 9 mai 2018 (MUSTAFA YALCIN / ANADOLU AGENCY)

C'est aussi à cela que sert le Festival de Cannes, donner une visibilité à des films qui dérangent, qui choquent et qui interrogent. Rafiki, de la Kényane Wanuri Kahiu, répond parfaitement à ces trois critères. C'est la première fois qu'un film kényan est projeté à la Croisette, il concourt dans la catégorie Un Certain regard. Une œuvre tout simplement censurée au Kenya.

Je suis à Cannes et je ne peux même pas ramener une affiche du film dans mon pays.

Wanuri Kahiu

Rafiki traite d'une histoire d'amour entre deux femmes à Nairobi, là où l'homosexualité est encore illégale. Le film n'a pas plu du tout à la commission de censure au Kenya. Cette idylle entre jeunes filles choque les valeurs morales et "promeut le lesbianisme" selon les autorités.

Pourtant, il n'y a rien de violent, aucune scène de sexe, ni de nudité dans le film. "Le plus important c'était de montrer une histoire d'amour africaine car on en film pas assez, explique Wanuri Kahiu. J'étais adolescentes quand j'ai vu pour la première fois un couple africain s'embrasser à l'écran."

Toute société qui réprime des idées n'est pas une société juste.

Wanuri Kahiu

La réalisatrice kényane souhaite maintenant que son pays évolue. "Chaque jour, vous vous réveillez en espérant que votre pays sera un peu plus progressiste que la veille." Le Kenya aurait pu être fier de voir l'une de ses œuvres en lice en compétition à Cannes, au lieu de ça, la censure de Rafiki est très mal vécu par Wanuri Kahiu, "je me sens comme s’ils avaient violé mes droits en tant qu'artiste, celui de m'exprimer et même celui tout simplement d'avoir une idée"

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