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Arnaud Montebourg poursuit son travail de justicier du PS

Déjà en pointe sur l'affaire Guérini, le député socialiste est à l'origine des révélations sur un financement présumé occulte de la fédération socialiste du Pas-de-Calais.

Article rédigé par Bastien Hugues
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le député socialiste Arnaud Montebourg à Rodez, le 1er mars 2011. (FREDERIC LANCELOT / SIPA)

Arnaud Montebourg récidive. Après avoir dénoncé le "système Guérini" dans les Bouches-du-Rhône, le député s'est attaqué ces dernières semaines à la fédération du Pas-de-Calais, poussant la direction du PS à ouvrir une commission d'enquête, jeudi 8 décembre.

Le secrétaire national du PS en charge de la rénovation soigne ainsi un peu plus son image de justicier du parti. Une cape arborée d'abord au printemps 2010, lors de la présentation d'un rapport d'une cinquantaine de pages sur la réforme du PS et l'organisation d'une primaire pour l'élection présidentielle. Mais c'est surtout en s'attaquant au "système Guérini" que Montebourg s'est imposé comme le jeune incorruptible du parti.

Le 8 décembre 2010, il transmet à la direction du PS un rapport dans lequel il pointe le "contrôle sans limite" et le "clientélisme féodal" du sénateur et président du conseil général des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël Guérini. Plus grave, il cite également "des témoignages relatant l'utilisation des moyens publics retirés ou attribués au gré des humeurs arbitraires" de Guérini. Mais à l'époque, Martine Aubry ne tient pas compte de ce rapport.

Il faut attendre le mois de mars pour que ce courrier soit révélé par Le Point, et septembre pour que la direction du PS appelle clairement à la démission de Jean-Noël Guérini. Un attentisme complaisant que Montebourg n'a eu de cesse de dénoncer durant la primaire.

Un "système de corruption" bénéficiant de "complicités au plan national"

Cette fois, c'est au fonctionnement de la fédération PS du Pas-de-Calais que le député de Saône-et-Loire a décidé de s'attaquer. Dans une lettre adressée à Martine Aubry le 21 novembre et rendue publique par Le Monde jeudi 8 décembre (lire le PDF), Arnaud Montebourg met en garde ses camarades sur l'investiture du député socialiste Jean-Pierre Kucheida, 68 ans, en lice pour un septième mandat consécutif. Il s'appuie notamment sur des rapports de la chambre régionale des comptes, qui mettent en lumière "de nombreuses irrégularités et de multiples franchissements de la loi".

La première secrétaire du PS, Martine Aubry, et le député Arnaud Montebourg, le 14 juin 2010 à Paris. (THOMAS PADILLA /IP3 / MAXPPP)
Surtout, Arnaud Montebourg ne mâche pas ses mots à l'égard de la première secrétaire. Car, fait remarquer le député à Martine Aubry, ces faits se déroulent "dans une région qui est cette fois la tienne, et dont nul ne croira que tu pouvais ignorer la gravité". Puis il enfonce le clou en évoquant "les complicités" dont jouit "le système de corruption des élus du Pas-de-Calais (...) au plan national"

"Ta gestion calamiteuse du dossier Guérini..."

Amer du sort réservé par Aubry à son rapport sur le système Guérini, Montebourg conclut : "Contrairement à ta gestion calamiteuse du dossier des Bouches-du-Rhône dans lequel tu as préféré ne rien voir et ne pas agir dans une affaire grave et honteuse (...), je te demande d'agir en personne cette fois dûment avertie des risques encourus, pour ne pas réitérer les mêmes erreurs."

Une persévérance qui semble avoir payé. Jeudi 8 décembre, Martine Aubry a appelé à la mise en place d'une commission d'enquête interne "pour faire toute la clarté et la transparence" dans cette affaire. La patronne du PS a également appelé le parlement du parti, qui se réunit samedi 10 décembre pour investir définitivement les candidats aux législatives, à "geler la désignation de notre candidat (Jean-Pierre Kucheida) dans cette circonscription, dans l'attente des suites judiciaires qui pourraient être données".

L'inspecteur Montebourg peut se frotter les mains. Et passer à l'enquête suivante ? 

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