Cet article date de plus de quatorze ans.

Cette année encore, ce classement, très attendu, reconduit cette année encore la suprématie des universités américaines

La France piétine dans le top 100 et perd une place dans le top 500.De leur côté, les USA s'arrogent 17 des 19 premières places dans ce classement mondial de 500 universités, révélé par Les Echos. L'américaine Harvard reste numéro 1, devant sa compatriote Berkeley qui chipe la 2e place à Stanford. Côté français, Paris VI arrive à la 39e place.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
L'université Paris VI à Jussieu, la première université française dans le classement de Shangai (AFP - LOIC VENANCE)

La France piétine dans le top 100 et perd une place dans le top 500.

De leur côté, les USA s'arrogent 17 des 19 premières places dans ce classement mondial de 500 universités, révélé par Les Echos. L'américaine Harvard reste numéro 1, devant sa compatriote Berkeley qui chipe la 2e place à Stanford. Côté français, Paris VI arrive à la 39e place.

Seules les universités britanniques de Cambridge (5e) et d'Oxford (10e) se glissent dans les 10 meilleures aux côtés des américaines.

Globalement, le classement change peu, avec toujours seulement trois établissements français parmi les 100 premières: Paris VI (Pierre-et-Marie-Curie) à la 39e place (une de mieux par rapport à 2009), Paris X (Paris-Sud Orsay) à la 45e (deux rangs perdus) et l'Ecole normale supérieure (ENS-Ulm) à la 71e (recul d'une place).

A noter cependant que parmi les 500 premières, l'Allemagne accède cette année à la deuxième place avec 39 universités. Loin derrière les Etats-Unis (154) mais devant la Grande-Bretagne (38) et le Japon (25). La France, qui était 5e en 2009 avec 23 universités, est 6e cette année avec 22 établissements, ex-aequo avec l'Italie et la Chine.

Il y a une stabilisation globale des universités françaises", a commenté la ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, et "une progression des universités allemandes, liée au processus lancé depuis cinq ans d'initiatives d'excellence".

"Or c'est le processus qui attend les universités françaises en 2011, pour faire émerger une dizaine de campus d'excellence qui seront dotés chacun d'un milliard d'euros de dotation en capital", a ajouté la ministre. Celle-ci attend de cette réforme, dans les années à venir, une retombée dans les classements internationaux.

En France, un jugement redouté
Le classement de Shanghai, réalisé depuis 2003, est aussi attendu que critiqué, notamment en France, car les critères retenus en défavorisent les universités. Ces critères portent surtout sur la recherche, et non sur l'enseignement. La France pâtit d'autant plus de ces critères que la recherche y dépend à la fois des universités et des organismes de recherche. Dans ce contexte, la méthode de Shanghai partage les points obtenus entre chacune des deux structures.

Dans un rapport publié en 2008, le sénateur Joël Bourdin (UMP) étudiait les méthodes utilisées dans différents classements. Document intitulé "Enseignement supérieur: le défi des classements". Ceux-ci "sont le résultat de combinaisons subjectives d'indicateurs: loin d'être scientifiquement 'neutres', ils reflètent toujours des orientations de fond", estimait le parlementaire dans la synthèse de son rapport.

Joël Bourdin faisait en particulier référence au palmarès chinois. Celui-ci "ne concerne que les sciences dures, est fait en fonction d'un certain nombre de critères uniquement liées à la recherche - le nombre de Prix Nobel, de médailles Fields, le nombre de citations dans des revues précises telles Nature", expliquait-il. En l'occurence des revues souvent anglo-saxonnes. "Il ne faut pas s'étonner que les universités françaises ne soient pas dedans, notamment parce que "les sciences humaines, les lettres, le droit ou encore les publications de nos chercheurs dans des revues en français ne sont pas pris en compte", ajoutait-il.

Pour certains observateurs, ce palmarès met crûment en lumière les maux du système universitaire et de recherche hexagonales. "L"une des principales critiques vis-à-vis du système français est son caractère très morcelé" entre universités, grandes écoles et organismes de recherche (comme le CNRS), soulignait Valérie Pécresse en 2008. A ses yeux, "notre système dual grandes écoles-universités est une faiblesse", "d"autant qu"actuellement, ces entités ne travaillent pas assez ensemble".

Ce classement "n"est pas adapté à l"exception culturelle française", expliquait le directeur de l"Institut de physique du globe de Paris, Vincent Courtillot, lors de la rencontre à l"Académie des sciences de mai 2007. Réponse d"un ex-président du CNRS, le chimiste Bernard Meunier, aujourd"hui patron de start-up : le dispositif appuie "là où ça fait mal". Et d"ajouter : le résultat "des universités françaises n"est pas très reluisant, le milieu des universitaires français rejette le classement de Shanghaï. Mais si la recherche hexagonale n"accepte pas ces critères d"évaluation utilisés dans le monde entier, elle va droit dans le mur".

Vers un classement de l'UE
La ministre de l'Enseignement supérieur s'est rendue début juillet à l'université Jiao Tong, qui élabore le fameux classement. Il s'agissait pour elle d'y expliquer les réformes en cours en France, notamment les regroupements entre universités au sein des Pôles
d'enseignement supérieur et de recherche (PRES). A terme, la mise en place dans certains de ces PRES d'une signature unique des publications de recherche ainsi que de diplômes uniques de doctorat devrait permettre aux universités françaises d'être mieux classées, selon une simulation du ministère de l'Enseignement supérieur.

Compte tenu des critiques contre le classement de Shanghai, l'Union européenne entend bâtir d'ici 2011 son propre "classement". Lequel devrait être en fait une "cartographie" par disciplines, conçue notamment comme une aide aux étudiants pour leur choix d'inscription.

Lire aussi
>> Le classement de Shanghaï révélé par Les Echos

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.