Claire Thibout confirme mercredi dans Libération la visite régulière de personnalités et la circulation d'espèces.
Entendue le 14 septembre à Bordeaux par le juge Jean-Michel Gentil, l"ancienne comptable de l"héritière de L"Oréal, Claire Thibout, a maintenu que des liquidités circulaient régulièrement à l"hôtel particulier de sa patronne, à Neuilly. Des espèces destinées selon elle à des financements politiques.
Claire Thibout, employée par Liliane Bettencourt de 1995 à 2008, évoque également dans cette interview la visite fréquente de personnalités politiques de droite comme Nicolas Sarkozy et son ex-épouse Cécilia, Pierre Messmer, François Léotard, Eric Woerth et Renaud Donnedieu de Vabres.
"J'ai régulièrement remis des espèces à M. Bettencourt " assure-t-elle, ajoutant des détails comme l"utilisation de trombones tous les 20 billets de 100 euros et l"inscription sur l"enveloppe kraft de la somme contenue, en euros et en francs. Sur le lien éventuel entre ces personnalités et les liquidités, Mme Thibout ajoute : "Je ne dis pas que tous venaient pour ça, mais il est clair que certains venaient aussi pour ça".
Elle revient sur les 150.000 euros , quelques mois avant la présidentielle, par le gestionnaire de fortune de Mme Bettencourt Patrice de Maistre, "qui m'a dit que cet argent était destiné à Eric Woerth". Elle refuse d'aller chercher une telle somme, ce que l'employée de banque trouve "judicieux". Elle finit par remettre 50.000 euros à Mme Bettencourt pour qu'elle les donne à M. de Maistre: "Il voulait que l'enveloppe transite par elle pour ne pas avoir à signer de reçu". Devant la comptable, il aurait alors expliqué "brièvement" à l'héritière de l'Oréal que l'argent était pour M. Woerth, mais "Madame n'allait pas bien, elle n'a donc pas compris". La comptable assure que l'argent a été remis le lendemain, 19 janvier, à M. Woerth, mais ne prétend pas avoir assisté à cette scène.
Elle juge que l'embauche en septembre suivant de l'épouse d'Eric Woerth, Florence, dans la société chargée de valoriser la fortune de Mme Bettencourt a été faite "derrière son dos" par M. de Maistre car M. Bettencourt "n'aurait sans doute pas été d'accord, il aurait dit ‘on ne mélange pas tout". Début 2008, M. de Maistre reçoit la Légion d'honneur des mains d'Eric Woerth: "Ce n'est que plus tard que je me suis rendue compte de l'enchaînement des évènements", remise d'espèces, embauche, Légion d'honneur.
Claire Thibout estime avoir « été traitée comme une accusée » au cours des interrogatoires policiers, ajoutant avoir eu l"impression d"être « l"ennemi public numéro un. »
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