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Manifestation des nationalistes en Corse : "Peut être un signal" pour "un dialogue un peu plus franc, plus positif"

André Fazi, maître de conférences en sciences politiques à l'Université de Corse, a expliqué, samedi sur franceinfo, que le rassemblement en début d'après-midi à Ajaccio pouvait permettre de renouer le dialogue avec Emmanuel Macron.

Article rédigé par franceinfo
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Le président autonomiste du conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, le 6 décembre 2017. (PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP)

L'appel des nationalistes corses à manifester, samedi 3 février, en début d'après-midi, à Ajaccio en vue de la visite d'Emmanuel Macron mardi prochain sur l'île, peut inciter le président de la République "à renouer un dialogue un peu plus franc, plus positif avec les nationalistes", a estimé André Fazi, samedi sur franceinfo. Le maître de conférences en sciences politiques à l'Université de Corse, a avancé que cette manifestation ne sera probablement pas suffisante pour amener le président de la République à réviser la Constitution, mais elle peut être "un signal".

franceinfo : Est-ce que les Corses vont répondre en nombre à l'appel des nationalistes ?

André Fazi: On a eu des manifestations très importantes dans des situations de très fortes tensions, avec plus de 20 000 personnes. Il faut aussi convaincre les Corses, au-delà des nationalistes, des militants et sympathisants, qu'il est essentiel de manifester aujourd'hui. Ce ne sera pas évident. De plus, la météo est aujourd'hui défavorable à une forte affluence.

Est-ce que cette manifestation peut convaincre Emmanuel Macron d'entendre les doléances des nationalistes ?

Je ne crois pas qu'une seule manifestation, y compris si elle est très réussie, puisse convaincre un président de la République de modifier la Constitution dans le sens requis. En tout cas, ce peut être un signal. Cela peut l'inciter à renouer un dialogue un peu plus franc, plus positif avec les nationalistes qui disposent d'une légitimité populaire indiscutable.

Le cœur du problème c'est la Constitution. Les nationalistes veulent que la langue corse, le peuple corse, y soient reconnus. Est-ce une ligne rouge infranchissable ?

La question de la reconnaissance d'un peuple corse et la co-officialité de la langue corse, sont celles où le gouvernement aura le plus à cœur de rester ferme. En revanche la question de l'autonomie est prévue depuis 2003 dans la Constitution française. Des territoires d'Outre-Mer comme Saint-Martin et Saint-Barthélemy en disposent sans que cela gêne grand monde. Le but des nationalistes serait aussi d'inciter le gouvernement à changer de vision et à inscrire la Corse dans une optique de différenciation qui est celle des collectivités d'Outre-Mer.

Est-ce que ce nationalisme-là est très différent de ce qui a pu exister dans le passé ?

Il n'y a plus l'hypothèque de la violence qui a duré pendant plus de 40 ans. Les conditions d'un dialogue nouveau sont, me semble-t-il, réunies. Ce qui ne peut-être fait en quelques semaines sera peut être fait en quelques années. Il y a une révision constitutionnelle qui approche. Les nationalistes voudraient absolument être inscrits dans cette démarche. Si ce n'est pas le cas, je ne doute pas qu'ils chercheront à convaincre encore et encore. Ce qui n'est pas possible aujourd'hui le sera peut être dans les prochaines années.

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