"C'est ce que je peux faire à mon petit niveau" : cette Normande accueille chez elle des vétérans américains du 6 juin 1944
Depuis plus de 30 ans, cette femme qui vit près d'Omaha Beach reçoit chez elle des vétérans américains. L'un d'entre eux y a même élu domicile.
On connaissait les collectionneurs de jeeps, d’uniformes militaires ou d’objets de la Seconde Guerre mondiale. "Moi, c'est plutôt accueillir les vétérans américains qui ont débarqué chez nous, explique Marie-Pascale Legrand, 57 ans. Ce que je peux faire à mon petit niveau, c'est m'occuper d'eux, leur rendre visite aux États-Unis, correspondre avec eux, les distraire." Marie-Pascale Legrand vit à une trentaine de kilomètres d'Omaha Beach. Elle reçoit depuis plus de 30 ans ces hommes qui ont débarqué en Normandie il y a 75 ans, le 6 juin 1944. Depuis un an, un Amérindien de 95 ans a même posé définitivement ses valises dans sa grande maison de Bretteville-l’Orgueilleuse, près de Caen.
Sa vocation commence en 1984. Le président américain Ronald Reagan prononce cette année-là, tout près des plages normandes, un discours pour les 40 ans du Débarquement. "Ce discours a été pour moi une sorte de révélation. C'était la première fois que j'entendais quelqu'un dire qu'on était libre aujourd'hui parce qu'en 1944, des jeunes hommes, qui ne connaissaient ni l'Europe ni la France, avaient décidé de s'engager dans l'armée américaine pour libérer l'Europe de la tyrannie et du nazisme, et ça chapeau bas !"
Une vingtaine de vétérans accueillis
Marie-Pascale Legrand a déjà accueilli une vingtaine de vétérans chez elle, le plus souvent pour quelques jours. Mais depuis un an, Charles Norman Shay, un Amérindien de 95 ans occupe l’une de ses chambres. Au programme : lecture le matin et l’après-midi, elle l’emmène au travail où il parle de son histoire.
Avec ses cheveux gris impeccablement coiffés, sa moustache finement taillée et sa veste kaki bardée de médailles militaires, l’ancien GI a fait partie de la première vague de militaires à débarquer à Omaha Beach le 6 juin 1944. Il était infirmier à l’époque. Aujourd’hui, il retourne presque une fois par semaine sur cette plage. "Nous avons débarqué là. Beaucoup de mes amis sont morts sur cette plage", dit-il.
Je devrais être heureux d'être toujours en vie mais quelle tristesse que tant de personnes soient mortes ici
Charles Norman Shayà franceinfo
Sur une butte, qui surplombe la plage d'Omaha, un mémorial créé par Marie-Pascale Legrand il y a deux ans porte le nom de Charles Norman Shay. On y voit une statue en forme de tortue, symbole de la culture amérindienne, pour ne pas oublier que près de 200 Amérindiens ont débarqué à Omaha Beach. Au total, 10 000 membres des forces alliées ont perdu la vie sur les plages de Normandie.
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