Cet article date de plus de dix ans.

Ce que l'on sait du possible projet d'attentat sur la Côte d'Azur

Quelque 900 grammes d'explosif avaient été découvert près de Cannes (Alpes-Maritimes), en février.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Quelque 900 grammes d'explosif ont été retrouvés le 17 février 2014 dans un immeuble de Mandelieu-La-Napoule, près de Cannes (Alpes-Maritimes). (GOOGLE MAPS)

L'antiterrorisme français est convaincu d'avoir déjoué un projet "imminent" d'attentat sur la Côte d'Azur, affirme une source proche du dossier à l'AFP, mercredi 26 mars. Le suspect ? Un homme de retour du jihad en Syrie, arrêté il y a un mois et demi.

Interrogé par les enquêteurs, il a reconnu avoir prévu de commettre un attentat sans toutefois évoquer de cible, selon les informations de France 2. Voici ce que l'on sait de ce possible projet d'attentat.

Qu'ont trouvé les enquêteurs ?

Il y a plus d'un mois, le 17 février, dans un immeuble de Mandelieu-La-Napoule, près de Cannes (Alpes-Maritimes), les enquêteurs ont mis la main sur quelque 900 grammes d'explosif. Les résultats des expertises ont montré qu'il s'agissait de TATP, un explosif rudimentaire qui peut être fabriqué à domicile, mais qui est très instable et destructeur. Le TATP a été utilisé dans l'attaque de Marrakech en 2011 et par Richard Reid, "l'homme aux chaussures piégées", dans son attentat raté contre un vol d'American Airlines en 2001.

Dans l'immeuble de Mandelieu-La-Napoule, l'explosif était réparti dans trois canettes, dont l'une était entourée de vis et de clous fixés avec du scotch. Une arme et du matériel informatique ont également été saisis dans un local technique de cet immeuble. De la documentation sur la fabrication d'une bombe a aussi été trouvée lors de la perquisition.

Qui est le suspect ?

Originaire du Cannet (Alpes-Maritimes), Ibrahim B. a échappé à une vague d'interpellations à l'automne 2012 ayant conduit au démantèlement d'une cellule islamiste.

Le 3 janvier, les autorités grecques l'ont repéré alors qu'il revenait de Syrie où, selon plusieurs sources antiterroristes, il était parti en septembre 2012, comme deux autres jeunes hommes du Cannet. La Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) a alors surveillé ses points de chute possibles sur la Côte d'Azur et a fini par le repérer le 11 février. Il a été interpellé au pied de l'immeuble de Mandelieu-La-Napoule, où un de ses proches a un logement. Il a été mis en examen et écroué.

De quelle cellule islamiste s'agit-il ?

Ibrahim B. serait lié à la cellule dite de Cannes-Torcy, décrite comme le groupe le plus dangereux depuis la vague d'attentats du milieu des années 1990. Plusieurs des membres de ce groupe sont soupçonnés de l'attaque à la grenade d'un commerce juif à Sarcelles (Val-d'Oise) en septembre 2012.
 
Lors du coup de filet qui a conduit au démantèlement de la cellule en 2012, il avait été découvert du matériel pouvant servir à la fabrication d'une bombe dans un box utilisé par un leader présumé du groupe. Les policiers avaient aussi trouvé plusieurs testaments, dont deux rédigés par Ibrahim B. et un autre candidat au jihad du Cannet, Abdelkader T., 25 ans, arrêté le 16 janvier en Italie, puis extradé et écroué.

De quoi Ibrahim B. est-il soupçonné ?

Depuis son arrestation, Ibrahim B. n'a indiqué aucune cible aux enquêteurs, selon les informations de France 2. Pour la source de l'AFP, il n'y a aucun doute : la DCRI "a empêché un attentat imminent".

"Cette affaire est emblématique de ce qu'on a toujours craint", souligne cette source : des personnes parties en Syrie pour mener le jihad contre Bachar Al-Assad et revenues "radicalisées, formées, aguerries" avec un projet terroriste. 

Quelles suites ?

L'enquête va désormais se poursuivre pour préciser cet éventuel projet terroriste. S'il devait se confirmer, il restera à savoir si Ibrahim B. comptait agir seul ou s'il a été "mandaté" par des responsables jihadistes en Syrie.

Les services français ont identifié quelque 700 personnes parties dans ce pays ou susceptibles de s'y rendre, dont environ 15% de femmes. Quelques dizaines de personnes revenues de Syrie ont été localisées en France, affirme un connaisseur du dossier. A ce jour, la mort de 24 jihadistes français en Syrie a été confirmée. Pour l'heure, les services européens auraient déjoué trois projets terroristes d'ex-jihadistes, selon un spécialiste de l'antiterrorisme interrogé par l'AFP.

 

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.