Deux des quatre personnes poursuivies pour avoir aidé Jean-Pierre Treiber ont été écrouées
Les deux autres mis en examen ont été placés sous contrôle judiciaire. Ils sont tous les quatre accusés d'avoir aidé dans sa cavale Treiber évadé le 8 septembre dernier et accusé du double meurtre de Géraldine Giraud et Katia Lherbier.
Selon le parquet, il était hébergé depuis le 8 novembre dans l'appartement de Melun où il a été arrêté.
"Régis Charpentier va être écroué à la maison d'arrêt de Bois-d'Arcy (Yvelines), et Michel Huys à la maison d'arrêt de Troyes", a indiqué le procureur d'Auxerre, François Pérain. Michel Huys, 57 ans, a hébergé Jean-Pierre Treiber dans une dépendance de sa ferme des Ecrennes (Seine-et-Marne), puis Régis Charpentier, 53 ans, a pris le relais en installant le fugitif dans un appartement de Melun.
La compagne de Michel Huys, Marie-Thérèse Fournier, a été laissée libre sous contrôle judiciaire, de même que le quatrième suspect, Christian Top, un handicapé au chômage.
Les quatre personnes mises en examen pour "recel de malfaiteur" sont passibles d'une peine de trois ans de prison et 45.000 euros d'amende.
Le récit de la cavale par le procureur
"A partir du 8 novembre, il a été logé dans cet appartement inoccupé de Melun", loué au nom de la fille de Régis Charpentier, un ami de M. Treiber qui fait partie des quatre personnes déférées dimanche, a déclaré le procureur d'Auxerre, François Pérain, lors d'une conférence de presse. Avant cela, à partir du 10 octobre, Treiber a été hébergé chez un autre ami, Michel Huys, qui fait lui aussi partie des quatre personnes déférées.
"Il résulte des auditions des uns et des autres que Michel Huys a accueilli Jean-Pierre Treiber à son domicile aux Ecrennes (Seine-et-Marne) à partir du 10 octobre 23H00", a ajouté M. Pérain. "Treiber s'est présenté à lui affamé, amaigri, lui demandant du secours. Il a donc décidé d'aider son ami" et de l'héberger dans une dépendance de sa ferme, a rapporté M. Pérain. Mais "ce que M. Treiber a fait entre le 8 septembre et le 10 octobre, pour nous pour l'instant c'est une zone d'ombre", a conclu le procureur.
Après son arrestation vendredi dans un appartement de Melun, Jean-Pierre Treiber a été écroué à Fleury-Mérogis. Cette prison "nous apparaît plus adaptée au profil de M. Treiber " a déclaré le procureur d'Auxerre.
Parmi les quatre déférés, le seul qui connaissait Treiber avant son incarcération, en novembre 2004, est l'un de ses anciens collègues ayant travaillé avec lui sur un domaine forestier de l'Essonne. Avec sa compagne, retraitée de 60 ans, il a fourni un premier hébergement au fugitif. "Ils partageaient leurs repas", a expliqué le procureur.
Pour son évasion de prison, Treiber risque une peine de 3 ans maximum
M. Treiber a refusé de s'expliquer sur son évasion de la prison d'Auxerre. l sera donc l'objet d'une nouvelle convocation la semaine prochaine certainement" devant la juge d'instruction à Auxerre, a précisé M. Pérain. Avec cette mise en examen pour évasion "simple", sans violence, ni effraction ou corruption, il encourt une peine maximale de trois ans de prison.
"Il nous est apparu calme et assez serein. Maintenant, l'instruction
s'oriente vers le recel de malfaiteurs. Et dans ce cadre, trois couples sont actuellement en garde à vue à Nanterre (Hauts-de-Seine), soupçonnés d'avoir assisté leur 'ami' Jean-Pierre Treiber dans sa cavale", a précisé le procureur d'Auxerre.
L'arrestation: fruit d'une longue filature
L'arrestation a été réalisée au 5e étage d'un immeuble de Melun dans un appartement inoccupé appartenant à la fille de l'un des couples interpellés.
Selon le Raid qui a mené l'opération, Treiber "n'a manifesté aucune réaction" lors de son arrestation. Christian Lothion, directeur central de la PJ, a précisé que le coup de filet était intervenu après "des milliers d'heures de surveillance et de filature de tous ordres sur des tas de relations possibles", notamment l'un de ses amis. "Cet ami s'est rendu dans un appartement inoccupé à Melun jeudi. Vendredi, il s'est aperçu de la filature et a été interpellé. Les policiers ont alors perquisitionné l'appartement qui appartient à la fille de cet ami de Treiber, et l'ont découvert à l'intérieur".
Agé de 47 ans, Jean-Pierre Treiber était en cavale depuis le 8 septembre, date de sa spectaculaire évasion de la prison d'Auxerre. Le 10 octobre, le Raid avait manqué de peu son arrestation dans une forêt de Seine-et-Marne. Depuis, Jean-Pierre Treiber narguait la police, assurant se cacher dans les bois et écrivant régulièrement à la presse, à des amis ou à d'anciens codétenus.
"Ils m'ont coursé, mais dès que je me suis engagé dans les ronciers, leur courage s'est arrêté net, il faut dire qu'il faisait nuit et qu'ils ont plus l'habitude de promener leurs flingues dans les rues que de suivre les gens la nuit dans les forêts touffues", écrit-il notamment, avouant toutefois "avoir eu chaud". Il racontait également sa cavale dans la forêt de Seine-et-Marne, "entouré" par les "sangliers" et les "cerfs" qui le protègent de la venue de la police.
Principal suspect dans le double assassinat
Jean-Pierre Treiber doit comparaître devant la cour d'assises de l'Yonne en avril 2010 pour l'assassinat de Géraldine Giraud, 36 ans, et de son amie Katia Lherbier, 32 ans en 2004.
Les autopsies des jeunes femmes, dont les corps avaient été retrouvés dans la propriété de Villeneuve-sur-Yonne de Jean-Pierre Reiber, ont révélé qu'elles sont mortes empoisonnées par un gaz mortel, utilisé par les chasseurs avant son interdiction, la chloropicrine.
La piste d'une empreinte ADN retrouvée sur un ruban adhésif au domicile de la tante de Géraldine conduit à un ami de Treiber. Elle s'est ensuite réorientée vers une ancienne locataire totalement étrangère à l'affaire. D'autres pistes mènent en Pologne, dans le monde de la drogue, des proxénètes, sans lever le voile sur cette affaire.
Les enquêteurs se sont heurtés à l'absence de mobile et de preuves sur l'heure, le lieu des meurtres et l'éventualité de complices.
Réactions
Joint au téléphone par RTL après l'annonce de l'arrestation, Roland Giraud, le père de Géraldine, a déclaré qu'il était "content que la police ait fait son travail" mais n'a pas souhaité faire plus de commentaire. Pour l'avocat de la famille Giraud, Me Francis
Szpiner, "cela veut dire que le procès se tiendra comme prévu aux assises d'Auxerre au mois d'avril".
Le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, a félicité les policiers, déclarant dans un communiqué "que dans la quasi-totalité des cas, les évadés sont repris dans les 8 mois qui suivent leur évasion". "A
la suite de la reddition de Tony Musulin, après une cavale de quelques jours, et la découverte de la plus grande partie du butin du vol, c'est donc un deuxième succès majeur à mettre au crédit de la police nationale", a fait valoir le ministre.
Michèle Alliot-Marie, ministre de la Justice, a également félicité les services de police et de gendarmerie.
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