En janvier 2010, Xavier Dupont de Ligonnès se disait ruiné dans un mail adressé à celle qui dit avoir été sa maîtresse
Dans ce courrier électronique dont l'existence a été confirmée par le parquet de Nantes, il envisageait par ailleurs de supprimer sa famille, plus d'un an avant l'assassinat de son épouse et de leurs quatre enfants.
Un prêtre, qui connaissait bien son épouse, a par ailleurs raconté qu'il existait de fortes tensions au sein du couple.
Le parquet rappelle qu'"à ce jour aucun élément nouveau n'a été recueilli permettant de localiser Xavier Dupont de Ligonnès", qui a été vu la dernière le 15 avril dernier dans un hôtel du Var.
Dans son mail de janvier 2010, ce dernier sollicite un nouveau prêt de 25.000 euros auprès de sa maîtresse, qui lui a déjà avancé 50.000 euros.
"Je ne veux plus de cette vie de famille"
"Je suis ruiné au fond du trou, comme jamais je ne l'ai été", écrit Xavier Dupont de Ligonnès. "J'ai quatre mois de loyers impayés (…), je n'ai pas pu payer l'école d'Arthur [l'un de ses fils, NDLR], ma voiture est tombée en panne, j'ai été obligé de demander à maman de quoi acheter des cadeaux de Noël aux enfants (et je dois la rembourser), je n'ai pas pu payer mes cotisations URSSAF et ASSEDIC", énumère-t-il. Il affirme par ailleurs avoir "de nouveaux huissiers aux fesses" et pouvoir être "expulsé de chez (lui) dès la fin de l'hiver.
"Je n'en dors plus, je fais des insomnies presque chaque nuit avec des idées morbides, foutre le feu à la maison après avoir donné un somnifère à chacun, me foutre dans un camion pour qu'Agnès [on épouse, NDLR] touche 600.000 euros ", poursuit-il.
"Je ne veux plus de cette vie de famille avec Agnès que je n'aime pas. J'ai envie d'une nouvelle vie et je ne l'imagine pas sans toi. De toute façon, ma vie actuelle se terminera dans les quelques mois à venir si je ne trouve pas 25.000 euros immédiatement", ajoutait-il.
Selon les rapports d'autopsie, les quatre enfants de Xavier Dupont de Ligonnès ont été drogués au moyen de somnifères avant d'être assassinés de plusieurs balles de 22 Long Rifle chacun. Aucune trace en revanche n'a été retrouvée chez son épouse, qui a elle aussi été tuée de la même manière. Les corps des cinq victimes ont été découverts dissimulés sous la terrasse du jardin de leur maison familiale nantaise le 21 avril.
Le père de famille, contre lequel un mandat d'arrêt international a été lancé, n'a toujours pas été retrouvé.
L'amie de Xavier Dupont de Ligonnès, chef d'entreprise dans le Val-d'Oise, avait lancé une procédure de recouvrement de dette contre son ancien amant pour le premier prêt de 50.000 euros. Elle avait affirmé avoir reçu des mails de menaces de sa part peu après la date présumée de cet assassinat familial située entre le 3 et le 5 avril. Elle s'était alors rendue dans un commissariat de la région parisienne le lendemain de la découverte des corps pour dire ce qu'elle savait et demander à être protégée.
Le témoignage d'un prêtre
De fortes tensions religieuses existaient entre Agnès Dupont de Ligonnès et son mari, selon un prêtre proche de cette dernière,
interrogé par la radio Hit West à Nantes jeudi. Propos qu'il a ensuite confirmés à l'AFP.
"Je craignais un coup d'éclat, je ne savais pas du tout ce qui pouvait se passer mais il y avait une tension telle, sur les questions religieuses...", a raconté le prêtre qui préfère garder l'anonymat.
"Sur la façon de concevoir la foi chrétienne il y avait des tensions et lui l'agressait continuellement sur cette question-là", a-t-il assuré. "Je me disais, c'est pas possible que ça tienne cette tension comme ça longtemps. Je pensais à une rupture du couple mais je ne pensais pas que ça irait jusque là", ajoute-t-il. "Je recevais des mails quand il y avait des coups durs à la maison. Elle cherchait à savoir quoi répondre et j'étais un de ceux à qui elle s'adressait", a expliqué le prêtre, "parce qu'elle ne savait pas quoi répondre à son mari".
Au sujet de Xavier de Ligonnès, il a souligné qu'il "ne venait jamais à l'église". "Il n'était pas chrétien, c'était une véritable persécution qu'il faisait subir à sa femme, il se moquait d'elle", dit-il. "Elle avait trouvé force et bonheur avec des enfants dans leur cheminement religieux: je dirais de leur mort qu'il y a un côté martyr", a estimé le prêtre.
Cet homme d'Eglise a expliqué à l'AFP qu'il ne pouvait "pas en dire plus, tenu par le secret de la confession" et qu'il n'avait pas été entendu par les enquêteurs.
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