Guyane : "Nous sommes les abandonnés de la Nation, des Français de seconde zone"
Davy Rimane, secrétaire général de l'Union des travailleurs guyanais, était l'invité de franceinfo samedi. Il est revenu sur la grève illimitée votée dans la journée et a dénoncé le manque d'énergie et d'eau courante "pour des milliers de Guyanais."
L'UTG (Union des Travailleurs guyanais, syndicat majoritaire) a voté samedi 25 mars à l'unanimité la grève générale illimitée à partir de lundi 27 mars. Depuis le début de la semaine, la Guyane est paralysée par un mouvement de contestation sociale de grande ampleur.
Davy Rimane est secrétaire général du syndicat UTG-CGT de l'éclairage en Guyane. Il a évoqué sur franceinfo le "ras-le-bol" de la population guyanaise et la nécessité que l'État "réagisse vite et bien".
franceinfo : Pourquoi refusez-vous de rencontrer les émissaires du gouvernement ?
Davy Rimane : Nous n'avons pas apprécié la réponse du Premier ministre Bernard Cazeneuve, d'envoyer des hauts-fonctionnaires alors que nous avons demandé des ministres. Cela fait des années que nous parlons et des années que nous ne sommes pas entendus et pas écoutés. Aujourd'hui la population en a ras-le-bol. Ceux qui sont sur les barrages, ce ne sont pas des grévistes purs et durs : c'est la population qui a pris les choses en main.
Guyane, l'exemple de l'énergie : "des milliers de gens n'ont pas accès normalement à l'électricité et l'eau courante, c'est inadmissible" pic.twitter.com/4weXBqf74m
— franceinfo (@franceinfo) 25 mars 2017
Quelles sont vos revendications sur l'énergie ?
Il y a deux Guyane : tout au long de la côte, c'est alimenté correctement avec le Réseau des transports, et puis il y a les communes de l'intérieur. Pour les personnes qui vivent là (une dizaine de communes concernées), on est obligé de mettre des productions d'appoint. Aujourd'hui nous avons des dizaines de milliers de Guyanais qui n'ont pas accès à l'énergie et à l'eau courante. Ce n'est pas possible de continuer comme ça.
La situation se dégrade-t-elle en Guyane ?
Oui, parce que la population de Guyane est très jeune. 50% de la population a moins de 25 ans. Ces jeunes ont donc beaucoup d'attentes, mais ils voient que nous sommes dans un marasme social, économique et sanitaire. Aujourd'hui, les gens sont à bout.
Ceux qui vont en métropole voient le fossé entre le territoire national et ce qu'il y a chez nous.
Davy Rimane, secrétaire général du syndicat UTG-CGTà franceinfo
Nous sommes les abandonnés de la Nation, des Français de seconde zone. Il y a une urgence à effacer toutes les dettes des collectivités qui n'ont plus les capacités d'investissement. Tout est à l'arrêt. Je suis Français et je demande juste à être respecté en tant que tel. Il faut que l'État réagisse vite et bien.
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