En France aussi, les migrants africains tentent leur chance par la mer
En quelques jours, plusieurs embarcations ont été arraisonnées en Manche, dans le secteur du Pas-de-Calais. Toutes transportaient des migrants. En cinq jours, précise la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord, six interventions de sauvetages ont été lancées. 57 migrants ont ainsi été secourus. L’approche du Brexit semble pousser les migrants à rejoindre la Grande-Bretagne par la mer.
Pour la seule nuit du lundi 26 novembre, deux embarcations ont été sauvées. Elles transportaient 18 migrants en tout. Chaque fois, la méthode est la même. Le groupe vole une embarcation dans un port français et tente d’atteindre les côtes anglaises.
Environ 30 kilomètres séparent le cap Gris-Nez, en France, des côtes anglaises, une zone que des migrants tentent régulièrement de traverser.
Une traversée qui n’est pas sans risque, et est souvent sous-estimée. Bateaux trop petits, mauvais temps, incompétence à naviguer, alors l’aventure s’achève par un SOS.
[#operation #migrants] ➡️https://t.co/yvLjJTXrB6 - Cinq migrants en détresse au large d'Audinghen (62).@Prefet62 @MarineNationale @douane_france @Gendarmerie pic.twitter.com/jbhkYg7z9I
— PREMAR Manche (@premarmanche) 24 novembre 2018
La traversée la plus étonnante a été celle d’un bateau de pêche dans le port de Boulogne-sur-Mer. Le bateau d’environ douze mètres a été repéré par les autorités de surveillance françaises, non loin du port britannique de Douvres alors qu’il progressait à faible vitesse.
J'ai été réveillé vers 01h00 du matin par le Cross, qui s'est aperçu que mon bateau était à Douvres et qu'il gênait le passage des ferries et me demandait ce qu'il faisait là
Pascal Deborgher, propriétaire du bateauAFP
A bord, il y avait 17 migrants qui, selon le procureur de la République, n’ont pas bénéficié de complicité. Ils ont forcé les portes du bateau de pêche et lancé le moteur.
La préfecture maritime s'alarme de la hausse des tentatives de traversée de la Manche depuis octobre, peut-être liée à l'approche du Brexit. "Avant qu'il y ait une frontière complètement fermée, on suppose que les migrants souhaitent à tout prix partir tant que le Brexit n'est pas effectif", avance le capitaine Parrot de la Préfecture maritime de la Manche.
L'autre tentative d'explication tient aux conditions météorologiques particulièrement clémentes cette arrière-saison. Face à cette recrudescence des tentatives, "on renforce nos patrouilles" en mer, relève Mme Parrot.
Selon la préfecture maritime, qui travaille en lien avec les autorités britanniques, il y a eu 23 secours portés à des migrants en mer dans cette zone en 2016, douze en 2017.
En 2018, 23 opérations ont déjà eu lieu, comprenant à la fois des secours et des interpellations au moment où les migrants s'apprêtaient à partir.
Depuis le début des tentatives en 2016, il n'y a eu a priori aucun décès et aucune disparition en mer, rappelle la préfecture.
On n'a pas eu à déplorer des cadavres non identifiés sur une plage, on veut à tout prix éviter cela
Capitaine Parrot, Préfecture maritime de la MancheAFP
La densité du trafic, les courants importants, les hauts fonds, le vent quasi permanent et la température de l'eau rendent la traversée du détroit du Pas-de-Calais (33 km de distance minimale) très difficile et extrêmement dangereuse.
"La crainte la plus forte est une collision en mer avec un gros bateau", prévient Mme Parrot.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.