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Reportage Sobriété énergétique : des militants écologistes se réunissent la nuit pour éteindre "les publicités lumineuses inutiles"

Les militants écologistes d'Extinction Rebellion prennent les devants et décident de ne pas attendre la généralisation, décidée pas les autorités, de l'extinction, la nuit, des lumières des magasins et des publicités lumineuses.

Article rédigé par Benjamin Illy - édité par Julien Penot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une personne, membre d'Extinction Rebellion, en train d'éteindre les lumières d'une vitrine à Paris.  (BENJAMIN ILLY / RADIO FRANCE)

"Hop ! T'as un seau, et je te laisse un litre de colle", lance Joad, devant un groupe d'une vingtaine de personnes, regroupées en cercle, mardi 25 octobre, pour écouter un briefing avant une action dans le 6e arrondissement de Paris. Les militants écologistes d'Extinction Rebellion se sont donnés rendez-vous la nuit, avec chacun un pseudo : "Kiwi", "Rakmi", "Graine", "Lili"... Ils vont se livrer à une opération assez particulière: éteindre la lumière des vitrines commerciales

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Le décret, pris par le gouvernement pour généraliser l'extinction des lumières des magasins et des publicités lumineuses entre 1h et 6h du matin, ne sera appliqué que le 1er juin 2023. La mairie de Paris a pris une décision comparable avec des horaires plus larges (entre 23h45 et 6h), mais il faut attendre le 1er décembre prochain. Alors les activistes prennent les devants, la nuit, en petits groupes et ils sillonnent la capitale pour éteindre, eux-mêmes, les lumières des commerces fermés. 

Le paradoxe d'une surconsommation en pleine crise énergétique

Joad rappelle les règles de base à la petite troupe : "On est non-violents lors des actions, avec uniquement des dégradations légères qui consistent à scotcher une affiche et éteindre la lumière. Donc, vous avez toutes et tous un contact juridique, qui a le numéro de la base arrière juridique, au cas où..." Au cas où l'un d'eux se fasse interpeler par la police. Il pourra alors appeler ce contact juridique lors de sa garde à vue et mieux défendre ses droits.

Passée la présentation du mode opératoire, le militant justifie son combat. "On est dans le symbolique... Mais pas tant que cela. D'un côté, on a une crise énergétique, on a des risques de coupures d'électricité, et on a 12 millions de personnes qui ont eu froid l'hiver dernier parce qu'elles avaient des difficultés à se chauffer correctement. De l'autre, on gaspille de l'énergie pour des publicités lumineuses qui sont des consommations complétement inutiles."

"C'est pas Versailles ici !"

Les groupes se dispersent dans les rues, à la recherche de vitrines encore éclairées. Comment les éteindre ? "En fait, il y a un petit boitier [fixé en hauteur], muni d'une espèce de bras qui est levé", montre l'une des militantes, Et avec la perche télescopique, on a bidouillé un petit crochet au bout et on va du coup chercher à l'abaisser." Clac ! Extinction des feux, la vitrine est maintenant dans le noir. 

Des militantes d'Extinction Rebellion éteignent un panneau publicitaire lumineux à Paris.  (BENJAMIN ILLY / RADIO FRANCE)

L'action se fait en équipe. Pendant que l'un tente d'éteindre la vitrine, deux autres guettent l'arrivée des autorités. Si la police rapplique, ils crient "taxi !". Il arrive qu'il ne soit pas possible d'éteindre les lumières, alors les militants placardent des affiches sur la devanture des magasins. "On a des retours de commerçants qui nous ont dit qu'ils allaient éteindre plus tôt", note Joad. 

Un peu plus loin, Nazin, 22 ans, perche à la main, s'offre sa première action militante : "C'est cette envie d'arrêter de déprimer toute seule par rapport à l'avenir du monde, vers où va le climat et l'inaction des pouvoirs publics et donc c'est commencer avec ce genre de petites actions pour essayer de sensibiliser, de se tourner vers l'action collective.

"Moi, je trouve cela très bien, j'ai toujours trouvé cela une hérésie d'avoir des vitrines allumées en pleine nuit."

Une passante, au moment de l'action militante

France Info

Quelques curieux assistent à la scène. Si certains applaudissent, d'autres sont plus réservés sur la méthode: "Cela serait bien de le faire de manière concertée et volontaire de la part des commerçants." Après les vitrines, le groupe s'attaque à des panneaux publicitaires accolés aux abribus. Là encore, pas de casse. Les militants utilisent une simple clé. "Un petit mouvement habile et discret", sourit Joad, qui ouvre le battant où sont placés les néons.

Il retire l'affiche publicitaire, et s'en débarrasse aussitôt : "Si on nous trouve avec, c'est comme si on faisait du vol." Soudain : "Taxi !", lance au loin une militante. La sirène d'une voiture de police retentie dans la rue, mais l'action se poursuit. L'affiche publicitaire termine, elle, à la poubelle. La jaune évidemment. 

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